Plus d'une semaine après le cyclone de catégorie 5 qui a frappé les deux Iles du Nord et fait 11 morts à Saint-Martin, l'heure est désormais aux précautions sanitaires pour éviter la propagation des maladies, au sein d'une population encore affaiblie et choquée.
"Oui il y a des risques d'épidémies", a reconnu la ministre des Outre-mer Annick Girardin, qui a passé près d'une semaine sur place après l'ouragan. "Il y a une problématique existante sur la question de l'eau contaminée, la question des déchets, la question de l'hygiène tout simplement", a-t-elle souligné.
"On n'en est pas encore à un signal épidémique, loin de là", a nuancé la ministre de la Santé Agnès Buzyn. "Aujourd'hui, c'est plutôt un risque individuel, c'est-à-dire qu'il faut impérativement que les personnes qui habitent Saint Martin boivent de l'eau potable qui est distribuée en grande quantité", a-t-elle insisté. Elle avait évoqué mercredi, lors de son déplacement sur place avec le chef de l'Etat, quelques cas d'enfants souffrant de diarrhées.
Selon le gouvernement, 150.000 bouteilles d'eau sont actuellement distribuées par jour aux habitants.
"On s'aperçoit que certains habitants de l'île, dans certains quartiers, n'écoutent pas les consignes sanitaires", a souligné Mme Buzyn.
Pour Mme Girardin, "la problématique aujourd'hui, c'est l'information", sur un territoire où l'électricité n'est pas partout rétablie et où les télécommunications (réseaux téléphoniques, internet, etc.) sont encore défaillantes par endroit, après le passage de l'ouragan.
"On distribue de l'eau potable sur tout le territoire, mais c'est toujours un peu compliqué, il y a des zones encore qui ne sont pas faciles d'accès, il y a des gens peut-être qu'on n'a pas encore réussi à contacter", a-t-elle expliqué.
Des déchets et des rats
Le gouvernement a fait distribuer dans les quartiers des consignes dans les langues parlées à Saint-Martin - français, espagnol, anglais, créole-. Des affiches rappellent par exemple que "seule l'eau en bouteille est propre à la consommation. Si vous n'en disposez pas, faites la bien bouillir avant utilisation ou consommation à des fins alimentaires ou corporelles".
A Saint-Martin, l'eau courante était toujours indisponible vendredi, mais certains habitants se servaient directement dans les réservoirs. L'usine de désalinisation destinée à Saint-Martin, est arrivée vendredi après-midi à Pointe-à-Pitre. La dernière partie de son parcours sera effectuée par barge et elle devrait commencer à fonctionner avant le 25 septembre, selon la préfecture de Guadeloupe.
La production d'eau a pu reprendre à Saint-Barth, pour un volume d'environ 800m3 par jour.
Pour prévenir le plus tôt possible en cas d'épidémie, des médecins épidémiologistes ont réalisé avec les médecins hospitaliers et les médecins libéraux "une fiche qui sera remplie régulièrement avec les patients pour repérer des signaux sur des risques d'épidémie", a indiqué Patrice Richard, directeur de l'Agence régionale de Santé de Guadeloupe.
L'urgence est aussi de nettoyer l'ile, où la population s'inquiète des déchets qui s'amoncellent et attirent les rats, faute de ramassages des ordures. "Il ne faut pas toucher les déchets", a rappelé Mme Buzyn.
Et dans les quartiers plus populaires, où les enfants n'ont pas pu être évacués par leur famille, faute de moyens, la population craint aussi une prolifération de moustiques, vecteurs de la dengue, du chikungunya ou du zika, là où les eaux stagnent encore après les inondations, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Si on tombe malade il faudra aller en Guadeloupe", estime Natacha, qui habite à Sandy Ground. "Mon fils a de la fièvre peut-être due à un moustique. Il va falloir nettoyer pour éviter qu'il y ait trop de moustiques, sinon il y aura des épidémies. Mais sans eau, c'est compliqué".
Dans certains quartiers, des opérations de démoustication, comme au moment de l'épidémie de zika, avaient commencé dès mercredi, comme dans le quartier de Concordia, a constaté une journaliste de l'AFP.
Malgré un bâtiment en partie détruit, l'hôpital de Saint-Martin est opérationnel et "il y a de quoi hospitaliser les gens dans de très très bonnes conditions", a assuré Mme Buzyn, soulignant que l'établissement était "largement préparé à des maladies tropicales ou liées à la consommation d'eau non potable".
D'autre part, 350 ressortissants français et étrangers, dont des touristes, sinistrés de l'ouragan Irma, devaient s'envoler vendredi soir de Fort-de-France (Martinique) vers Paris, a indiqué la préfecture de Martinique.
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