La décision devrait être connue dans l'après-midi, a indiqué à l'AFP Béatrice Angelelli, la procureure de Melun (Seine-et-Marne), où était incarcéré Patrick Henry, hospitalisé depuis le 15 mai dans une unité sécurisée.
Condamné en 1977 à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre de Philippe Bertrand, âgé de sept ans, Patrick Henry a sollicité une suspension de peine pour raisons médicales. Au vu de son état de santé, le parquet s'est dit favorable à sa demande.
La requête a été examinée mardi, à huis clos, au tribunal de l'application des peines (TAP) de Melun. Le parquet n'a "semble-t-il pas retenu le risque grave d'un renouvellement de l'infraction", a déclaré à l'AFP son avocat Hugo Lévy. Quant aux "modalités concrètes de sa sortie de détention", elles "semblent avoir été jugées satisfaisantes", a-t-il ajouté.
Le détenu a présenté des garanties en termes de revenus et d'hébergement. Il doit toucher une retraite, selon son avocat. Une amie, Martine Veys, visiteuse de prison, s'est engagée à lui "louer un appartement" dans le nord de la France.
Si le tribunal accède à sa requête, la suspension de peine sera mise en oeuvre samedi.
Ne pas mourir en prison
Symbole en son temps de la lutte contre la peine de mort, Patrick Henry avait échappé de peu à la guillotine lors de son procès à la fin des années 1970, grâce notamment à la plaidoirie de son avocat Robert Badinter.
Il était ensuite devenu un visage de la réinsertion, obtenant en 2001, après 25 ans de détention, une libération conditionnelle.
Mais il avait très vite cassé son image d'ex-détenu modèle: interpellé avec près 10 kilos de cannabis en Espagne l'année suivant sa libération, il était revenu derrière les barreaux.
Patrick Henry a depuis présenté, sans succès, plusieurs demandes de libération conditionnelle. La dernière, acceptée par le TAP de Melun en janvier 2016, avait été rejetée par la cour d'appel de Paris. Les juges avaient considéré que ses projets de réinsertion n'étaient pas assez "concrets" et estimé qu'il devait encore effectuer un "travail sur lui-même".
Cette fois le détenu invoque son état de santé. Sa demande s'appuie sur l'article 720-1-1 du code de procédure pénale, qui prévoit qu'une suspension de peine peut être accordée aux condamnés "atteints d'une pathologie engageant le pronostic vital" ou ceux dont "l'état de santé est durablement incompatible avec le maintien en détention".
Une décision favorable serait "rationnelle et conforme aux obligations de la France vis-à-vis de la Cour européenne des Droits de l'Homme", a argumenté son avocat. "C'est une question de dignité pour tout le monde, pour lui comme pour l'administration pénitentiaire. Les prisons ne sont pas faites pour voir mourir les gens".
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