La campagne officielle pour l'indépendance de cette région de 7,5 millions d'habitants du nord-est de l'Espagne doit commencer à Tarragone, ville de 130.000 habitants peu indépendantiste, à quelque 100 kilomètres au sud-ouest de Barcelone.
Objectif: remplir les arènes de quelque 10.000 places.
Un lancement de campagne atypique cependant, car les menaces judiciaires se multiplient pour les indépendantistes.
A Madrid, un juge administratif saisi par le Parti populaire (droite) a interdit mardi la célébration dans des locaux municipaux d'un acte de promotion du référendum et l'incertitude pesait sur le meeting jeudi.
Interrogée sur ce sujet par la chaîne privée Telecinco, la vice-présidente du gouvernement Soraya Saenz de Santamaria n'a pas précisé si une action était en cours pour l'empêcher, se bornant à répondre "qu'il est interdit de collaborer ou de participer" à ce référendum et que cela concerne "n'importe quel acte préparatoire".
Une source préfectorale en Catalogne a de son côté indiqué que les organisateurs avaient été "prévenus qu'ils étaient dans l'illégalité", laissant entendre cependant qu'il n'y aurait pas d'action préventive. Un responsable des arènes interrogé par l'AFP a déclaré n'avoir reçu aucune notification judiciaire.
Les indépendantistes, majoritaires au parlement régional depuis 2015, se donnent deux semaines pour convaincre les Catalans de participer à ce référendum.
S'ils l'emportent, ils assurent qu'ils déclareront dans la foulée l'indépendance de la Catalogne, région concentrant 16% de la population espagnole et contribuant à son PIB à hauteur de 20%.
Les partis opposés à ce référendum interdit par la Cour constitutionnelle appellent leurs sympathisants à ne pas participer, même si, mécaniquement, cela entraînera une victoire du "oui".
"C'est une tromperie. Ils veulent organiser un simulacre de référendum pour justifier une déclaration d'indépendance", explique à l'AFP Salvador Illa, un dirigeant du Parti socialiste catalan.
Convocation des maires
Le chef du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy, se rendra à Barcelone vendredi et a lui aussi appelé les Catalans à désobéir si on leur demandait d'être assesseurs, "car c'est un acte absolument illégal".
Depuis la convocation le 6 septembre de ce référendum, le gouvernement et la justice agissent sur tous les fronts pour empêcher la tenue du scrutin, ou du moins le décrédibiliser.
La stratégie vise d'abord les organisateurs - autorités régionales et maires - à qui la justice a fait savoir qu'ils risquaient des poursuites.
Mercredi, le parquet a demandé la convocation des maires qui participent en "tant que mis en examen", et menacé de les faire arrêter s'ils ne répondaient pas à cette convocation.
Les autorités ont fermé un site internet géré par l'exécutif catalan faisant la publicité du référendum.
Auparavant, le procureur général avait ordonné la saisie du matériel électoral.
Mais ces menaces galvanisent le camp du "oui".
Sur 948 maires catalans, 712 veulent participer à l'organisation de la consultation en mettant des locaux à disposition, selon l'Association des municipalités pour l'indépendance (AMI).
"Nous continuerons à travailler pour pouvoir voter le 1er octobre", a déclaré à la presse mercredi la présidente de l'AMI, Neus Lloveras.
Le président séparatiste régional Carles Puigdemont a diffusé sur son compte Twitter deux nouvelles adresses de sites sur le référendum et dénoncé les menaces d'arrestation, "une atrocité" selon lui.
Mais d'importants journaux régionaux, comme la Vanguardia et même le quotidien Ara, proche des séparatistes, ont préféré ne pas publier d'annonces en lien avec la campagne.
Dans un entretien à la Vanguardia, le président conservateur de la Commission européenne Jean-Claude Juncker s'est porté jeudi au secours de Mariano Rajoy: "Dans l'UE, tout le monde a le droit de s'exprimer tant qu'il respecte les lois de base et les valeurs de la démocratie", a-t-il dit.
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