. Si loin...
Pour Philippe Manoeuvre, critique rock qui vient de lancer sa web-radio (Radio Perfecto), difficile de confondre les deux groupes: "d'un côté, on a trois membres fondateurs (Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac, Richard Kolinka) d'un groupe rock (Téléphone) créé en 1976 et dissous en 1986, qui se sont réunis sous un autre nom (les Insus). De l'autre on n'a plus qu'un membre fondateur (Nicola Sirkis) d'un groupe pop qui existe depuis 1981 et a gardé son nom (Indochine)".
Constitué d'un ADN musical différent, chacun a fidélisé un public distinct. Aujourd'hui, les Insus rassemblent plutôt les adultes, Indochine fédère plus les jeunes. Mais ils demeurent associés aux années 80, une époque où le rock en France était une coquille quasiment vide.
"Avant eux, qui on avait ? Les Chaussettes Noires, qui ont beaucoup vendu. Après il y a eu Martin Circus, puis Magma, devenu culte. Et Téléphone est arrivé", énumère le journaliste Christian Eudeline ("L'encyclopédie du rock français"). "Et ils ont décomplexé la France en matière de rock!", s'exclame Manoeuvre.
"Téléphone a très vite eu les faveurs des médias", embraye Eudeline. "On tenait là des Rolling Stones à la française: Jean-Louis Aubert et ses faux airs de Mick Jagger, Louis Bertignac le guitar hero à la Keith Richards... Pour Indochine, c'est l'inverse. La presse spécialisée s'est immédiatement fichue d'eux, les considérant comme un adaptateur sans intérêt de Depeche Mode ou des Cure."
"Quand on les a fait passer aux Enfants du Rock, des journalistes m'ont appelé pour m'insulter...", se souvient Manoeuvre.
Outre les critiques acerbes, un épisode douloureux pour Indochine aura été la parodie des Inconnus "Isabelle a les yeux bleus". "Ca a été terrifiant. Ca a presque vampirisé leur oeuvre. Nicola Sirkis en a beaucoup souffert", affirme Manoeuvre.
Ce que le chanteur du groupe confirme à l'AFP: "on suscitait des moqueries, même une haine. Je trouvais ça cher payé. J'ai déjà baissé les bras par le passé, car j'étais épuisé, déprimé. Mais j'y ai toujours cru. On n'abandonne pas un enfant. Indochine, c'était mon bébé."
.... mais si proches
Ce qui unit les deux groupes, en 2017 comme il y a 30 ou 35 ans, c'est un amour indéfectible de leur public.
"Ce sont deux rares groupes français collectionnés en disques et ils ont en ont énormément vendu", dit Eudeline.
Téléphone a écoulé entre 500.000 et 1 million d'exemplaires de chacun de ses cinq albums studio. Indochine, en 12 opus, a culminé à 1,2 million en 2002 pour "Paradize", après avoir atteint 825.000 ventes en 1985 pour "3". Autant "13" d'Indochine que le live des Insus, tout juste sortis, promettent de truster le haut des charts.
Alors que Téléphone était séparé depuis 1986, Indochine a connu une longue traversée dans les années 90. "Il y a d'ailleurs une part de tragique qui accompagne leur destin respectif", dit Eudeline. "Indochine a dû faire avec la mort de Stéphane Sirkis. Tous ses autres membres originels ont quitté le navire, sauf Nicola. Chez Téléphone, il y a eu des tensions très fortes, de tout ordre, qui ont provoqué l'exclusion définitive de (la bassiste) Corine Marienneau."
"Ce sont les fans qui ont permis à Indochine de survivre, dans une industrie qui ne voulait quasiment plus d'eux", souligne Manoeuvre.
Quant aux fans de Téléphone, "ils allaient voir Aubert et Bertignac en solo pour réentendre du Téléphone". Vendredi et samedi, point d'orgue de leur tournée de deux ans, les Insus investiront le Stade de France, comme... Indochine. Qui l'avait rempli avant eux, en 2010 et 2014.
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