"Nous mettons en oeuvre ce que les Français nous demandent de faire, donc on ne va pas reculer", a déclaré mercredi la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
Cette réforme, censée répondre au chômage de masse, selon Emmanuel Macron, a fait l'objet "d'intenses discussions avec les organisations syndicales" et "un débat parlementaire très long", a de son côté défendu Edouard Philippe.
Le Premier ministre a toutefois laissé la porte ouverte à "un certain nombre d'éléments à discuter", dont les moyens accordés aux institutions du dialogue social, sans donner plus de détails.
Les syndicats, tous très opposés à la fusion des instances représentatives du personnel prévue dans le cadre de cette réforme, craignent une baisse des moyens dédiés à cette future entité (heures de délégation, nombre de délégués, budget).
Ils s'inquiètent également du faible niveau du plafonnement des indemnités prud'homales, de la limitation à un an du délai de recours devant cette juridiction, d'un rôle accru de l'accord d'entreprise ou encore des changements prévus dans le cadre des licenciements économiques.
Très critiques, les confédérations syndicales ne sont pas pour autant d'accord sur la manière de peser dans le débat.
Certaines, comme FO ou la CFDT, ont opté pour la poursuite des discussions avec l'exécutif, au risque d'agacer certains de leurs militants qui jugent plus efficaces les appels à grèves et manifestations.
"Tant que ce n'est pas fini, ce n'est pas fini. On essaie de peser sur le contenu des décrets", a expliqué mercredi Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO.
La réforme présente "des éléments de régression sociale importants" mais "ce n'est pas la casse du code du travail", a-t-il toutefois estimé.
'Faire bouger les lignes'
La CGT, aidée par les syndicats non représentatifs Solidaires et FSU, a choisi, elle, la mobilisation, une formule qui a eu un impact limité ces dernières années sur des réformes décriées.
Mardi, entre 223.000 (source police) et près de 500.000 personnes (source CGT) ont manifesté un peu partout en France pour dénoncer une réforme synonyme de "régressions sociales", à l'appel de la CGT.
Elle prévoit une nouvelle journée le 21 septembre, veille de présentation du texte en conseil des ministres. FO ne s'y associe pas, mais certains de ses militants seront encore présents dans les cortèges, de même que des sections CFDT et CFE-CGC.
"Il y a un laps de temps entre la validation des ordonnances et la promulgation de ces ordonnances dans la loi. Cela va de trois à six mois (...) il y a encore le temps de convaincre beaucoup de gens", a expliqué Philippe Martinez, numéro un de la CGT.
La CFDT, elle, a décidé de profiter du 3 octobre --un rendez-vous fixé depuis mars pour fêter sa première place dans le secteur privé-- pour parler des ordonnances.
Ce jour où 10.000 militants CFDT doivent se réunir à Paris "prendra aussi une forte connotation revendicative", assure Véronique Descacq, numéro deux de la confédération.
A contre-courant de leurs confédérations respectives, des fédérations transports FO, CFDT et CFTC organisent l'offensive, également en ordre dispersé.
La CGT et FO Transports ont appelé ensemble mercredi les routiers à une grève reconductible à partir du 25 septembre. De leur côté, la CFDT et la CFTC ont invité à une "mobilisation" le 18 septembre pour combattre la réforme du code du travail.
"Bien évidemment" les dépôts de carburants seront une cible, "ce sera une grève qui aura des conséquences très concrètes sur l'économie française", a souligné Jérôme Vérité (CGT).
"Marcher dans la rue, c'est bien mais on a vu dans le passé que des millions de salariés ne font pas bouger les lignes, alors on essaie autre chose", a commenté pour sa part Patrice Clos (FO).
Le gouvernement, lui, veut aller vite, tablant sur une entrée en vigueur des ordonnances dès fin septembre.
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