En cette rentrée 2017, "les vents sont favorables", les hauts dirigeants bruxellois ne manquent pas de le signaler.
Jean-Claude Juncker l'a bien senti lui aussi, qui un an plus tôt s'était présenté devant les députés européens à Strasbourg en appelant de manière pressante à l'unité de l'UE.
L'Union a-t-elle surmonté cette "crise existentielle" qui inquiétait tant le patron de l'exécutif européen ?
"Après le Brexit et l'élection de Trump, il n'y a pas eu d'effet domino (...) Au contraire, il y a une résurrection de l'idée d'Union européenne", se réjouit le chef des libéraux européens Guy Verhofstadt.
De fait, la croissance s'installe dans les 28 pays de l'UE, le chômage recule, les flux migratoires paraissent maîtrisés. L'UE veut croire en sa convalescence.
M. Verhofstadt, référent Brexit du Parlement européen, n'hésite pas à décrire les trois premières années de la Commission Juncker comme de la "gestion de crise": économique, migratoire, politique aussi avec les vives tensions qui opposent certains pays d'Europe centrale et orientale très jaloux de leur souveraineté, Pologne et Hongrie en premier lieu.
L'année 2018 sera la dernière année pleine pour M. Juncker et son équipe, dont le mandat s'achève à l'automne 2019. C'est sa première rentrée sans crise pressante depuis ses débuts en 2014.
Selon le porte-parole de la Commission, Margaritis Schinas, le discours sera "une réflexion sur les progrès effectués au cours de l'année écoulée", et M. Juncker "donnera son programme pour l'année à venir et jusqu'à la fin de son mandat".
Après avoir ouvert le débat sur l'avenir de l'Union et publié en mars un "livre blanc" échaffaudant cinq scénarios sur les différentes perspectives d'intégration, c'est l'opportunité pour M. Juncker de proposer les outils nécessaires pour emmener le bateau Europe dans la direction qu'il souhaite.
"Ministre de la zone euro"
Il devra naviguer prudemment car les pays de l'Est sont très méfiants devant le risque à leurs yeux de voir émerger une Europe "à plusieurs vitesses", idée défendue par la France et l'Allemagne, notamment.
Début septembre, le président polonais conservateur Andrzej Duda a prévenu qu'une telle option risquait de conduire selon lui à "de nouveaux Brexits" et à la décomposition de l'UE.
"Je ne suis pas un fanatique de l'intégration, mais je suis tout à fait en faveur d'un approfondissement de l'Union européenne et, dans le même temps, de respecter autant que cela se justifie les intérêts nationaux", expliquait récemment M. Juncker au site d'information Politico.
Dans ce même entretien, il soulignait que le retrait annoncé du Royaume-Uni de l'UE devrait faciliter l'approfondissement de la politique économique et monétaire commune.
Il a évoqué la possibilité d'un futur "ministre des Finances" de la zone euro, une idée forlement soutenue par le couple franco-allemand Emmanuel Macron et Angela Merkel. Sur son agenda également, une réforme du Mécanisme européen de stabilité (MES) qui sert à répondre aux crises financières dans la zone euro, comme dans le cas de la Grèce.
Jean-Claude Juncker devrait aussi consacrer une partie de son discours à parler commerce, alors que l'UE veut accélérer la négociation de futurs accords bilatéraux après la signature au finish de l'accord de libre-échange avec le Canada (CETA), qu'elle considère comme un grand succès.
Le chef de l'exécutif européen est aussi attendu sur la question sensible de la protection des intérêts européens face aux investissements étrangers.
Pour Manfred Weber, le président du PPE (droite), le principal groupe représenté au Parlement, M. Juncker doit apporter des réponses sur les sujets "qui préoccupent les citoyens", comme la sécurité, à l'intérieur et à l'extérieur des frontières de l'UE, et la lutte anti-terroriste sur fonds d'attentats jihadistes persistants en Europe.
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