L'ancienne candidate, qui fêtera en octobre ses 70 ans, ne mâche pas ses mots sur le successeur de Barack Obama: un "menteur", "sexiste", indigne et incompétent. Elle dit s'être "frappé le front" en l'entendant expliquer récemment que le problème nord-coréen n'était "pas si simple".
Elle raconte le "choc" de la soirée électorale, dans sa chambre d'hôtel de New York, le sentiment d'être "vidée", la "tristesse" qui ne la quitta pas pendant des semaines. Puis le retour à la vie, grâce à sa famille, une technique de respiration alternative... et du Chardonnay.
"Il n'y a pas eu une journée depuis le 8 novembre 2016 durant laquelle je ne me suis pas posé la question: pourquoi ai-je perdu ? J'ai parfois du mal à me concentrer sur autre chose", écrit celle qui s'était fait une religion, depuis un quart de siècle, de ne jamais fendre l'armure en public.
La sortie de "What Happened" ("Ça s'est passé comme ça", version française disponible le 20 septembre) s'accompagne d'une grande tournée de promotion: interviews, 15 conférences payantes jusqu'en décembre aux Etats-Unis et au Canada... et une première séance de dédicaces mardi dans une grande librairie de New York, la même que pour son livre de pré-candidature, en 2014.
Des centaines de personnes ont fait la queue, certains toute la nuit.
"Je viens juste de digérer l'élection", dit l'un de ces fans inconditionnels, Chris Rudolph. "Cela fait du bien de se retrouver avec d'autres personnes qui aiment Hillary".
Plus tôt, l'ancienne chef de la diplomatie s'était dit persuadée que l'équipe Trump avait reçu l'aide de la Russie de Vladimir Poutine. "Il y avait sûrement des contacts, et sûrement une forme d'entente", a-t-elle dit au quotidien USA Today.
Chaque interview est l'occasion pour la démocrate de répéter que l'utilisation d'un compte mail personnel comme secrétaire d'Etat avait été une "erreur stupide", comme elle l'a encore dit mardi sur la radio NPR.
Rester active
La porte-parole de la Maison Blanche a lâché que Donald Trump n'avait pas besoin d'Hillary Clinton pour comprendre "ce qui s'est passé" en 2016.
Puis, ironique, Sarah Sanders a ajouté: "il est bien triste qu'Hillary Clinton, après avoir mené l'une des campagnes les plus délétères de l'histoire et perdu, consacre le dernier chapitre de sa vie publique à promouvoir les ventes de son livre avec des attaques et des mensonges".
Le livre alterne entre le personnel et le politique, avec des touches d'humour noir et d'autodérision, et quelques scènes tragicomiques, comme la cérémonie d'investiture de Donald Trump, à laquelle elle a participé en tant qu'ancienne Première dame, une "expérience extracorporelle".
Elle éreinte son ex-rival des primaires, Bernie Sanders, et rejette les critiques émanant de la gauche du parti démocrate sur sa stratégie électorale.
Elle consacre surtout de nombreuses pages à énumérer les facteurs ayant contribué à sa défaite: désir de changement, rejet de sa personne, misogynie, sentiment de désaffection économique d'une partie des classes populaires blanches.
Selon elle, Donald Trump a aussi exploité "l'anxiété raciale et culturelle" des Blancs. "Nombre de ces électeurs avaient peur que les gens de couleur - surtout les Noirs, les Mexicains et les musulmans - menacent leur mode de vie".
Mais Hillary Clinton est persuadée, citant notamment l'analyse du site FiveThirtyEight.com, que c'est l'intervention de l'ancien directeur du FBI, James Comey, 11 jours avant l'élection, qui a fait basculer une fraction de l'électorat dans quelques Etats-clés vers Donald Trump, suffisamment pour assurer sa victoire. M. Comey avait soudainement rouvert l'enquête sur ses emails, avant de la refermer deux jours avant le scrutin.
Combinée aux messages internes piratés par la Russie et publiés par WikiLeaks, le rebondissement a eu un effet démultiplié par l'obsession selon elle démesurée des journalistes politiques pour l'affaire. Le New York Times en prend pour son grade.
Aujourd'hui, Hillary Clinton assure qu'elle ne se représentera plus. "Mais je ne vais ni bouder, ni disparaître. Je ferai tout pour soutenir les candidats démocrates", conclut-elle. Ignorant les démocrates qui espèrent tourner, un jour, la page Clinton.
"Ils peuvent éteindre la radio quand ils m'entendent", a-t-elle ironisé sur NPR. "J'ai l'expérience et les cicatrices qui me donnent non seulement le droit, mais le devoir de m'exprimer".
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