Comme à son habitude, le président français est allé au contact. Durant plus de quatre heures, il est passé de maison en maison, la plupart en ruines ou très endommagées, pour serrer les mains, caresser la tête des enfants ou claquer la bise.
"Ca va, le moral est bon?", demande-t-il à une jeune fille au turban coloré. "Ben oui, puisqu'on est vivant!", lui répond-elle en riant.
Un peu plus loin, il pose longuement ses mains sur l'épaule d'Elton Sam, surnommé dans son quartier "Mr Biggs". D'une voix sourde, ce quadragénaire lui montre sa maison aux volets bleus qui borde la plage paradisiaque de Grand-Case.
Il désigne le premier étage où plafond, portes et fenêtres ont disparu. "J'ai perdu ma femme, qui y était, la semaine dernière", raconte-t-il, réconforté par le président.
Son épouse fait partie des onze morts dénombrés par les autorités à la suite du passage d'Irma, le cyclone le plus dévastateur depuis au moins 100 ans.
Dans les rues, si l'accueil est plutôt bienveillant, certains apostrophent sans ménagement le chef de l'Etat.
A peine sorti de l'aéroport, il est ainsi interpellé par des femmes qui ne demandent qu'une chose: quitter au plus vite l'île. "Nous sommes là depuis 06H00 du matin et on attend toujours, sous le cagnard", s'indigne l'une d'elles, qui veut partir en Guadeloupe pour rejoindre ensuite la métropole.
Sans lâcher leurs regards, Emmanuel Macron tente de les rassurer, de les apaiser. Il assure que "tous ceux qui veulent partir pourront le faire". Quelque 2.000 des 35.000 habitants de la partie française ont déjà quitté l'île ces derniers jours, selon les autorités.
'Faire renaître Saint-Martin'
Le président, la main sur son épaule, explique à Charlotte Dubois, une Marseillaise de 43 ans installée sur l'île depuis un quart de siècle, que le retour de la sécurité est une priorité après les pillages des derniers jours.
Elle le regarde ensuite partir, suivi par une nuée de journalistes et d'officiels: "il m'a regardée dans les yeux, m'a écoutée. Mais pour l'instant, ce sont des mots. J'attends de voir".
M. Macron s'attendait à un accueil houleux. "Je comprends la colère de gens qui ont tout perdu ou beaucoup. Il faut maintenant une réponse à la hauteur du défi pour faire renaître Saint-Martin", explique-t-il.
Daniel Gibbs, président de droite de la collectivité de Saint-Martin, abonde. "Cette catastrophe peut être un nouveau départ pour notre île. C'est pour ça que je ne parle pas de reconstruction mais de construction".
Un discours optimiste que certains jugent prématuré. Comme Raoul Sebbagh, qui montre, dépité, ce qu'il reste de son restaurant de bord de mer, "Il Nettuno", "avec sa terrasse de 24 m2". "Vous pensez, je l'ai acheté il y a seulement un mois et demi. Et je n'ai plus rien".
Philosophe malgré tout, il se dit prêt à "essayer de repartir". "Mais il me faut 300 à 400.000 euros..."
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