"Mon enquête suggère la possibilité que des crimes contre l'humanité aient été commis (...). J'exhorte le Conseil (des droits de l'Homme de l'ONU, ndlr) à lancer une enquête internationale sur les violations des droits de l'homme au Venezuela", a affirmé Zeid Ra'ad Al Hussein, à l'ouverture, à Genève, de la 36e session de cette institution.
Peu après, le chef de la diplomatie du Venezuela, Jorge Arreaza Montserrat, présent dans la salle du Conseil, a balayé ces critiques, accusant le Haut Commissaire de présenter des rapports "sans fondement", qui "visent à perturber la souveraineté, la paix et la stabilité de notre peuple".
M. Zeid a dénoncé de son côté les procédures pénales engagées contre des dirigeants de l'opposition au Venezuela, les détentions arbitraires, l'usage excessif de la force et le mauvais traitement des détenus. "Il y a un risque réel que les tensions augmentent encore, le gouvernement écrasant les institutions démocratiques et les voix critiques", a-t-il asséné.
Il a souligné que le Venezuela est actuellement l'un des 47 Etats membres du Conseil des droits de l'Homme et, à ce titre, a le devoir de défendre et promouvoir les droits de l'homme.
Ce n'est pas la première fois que le Haut Commissaire s'en prend au Venezuela. Fin août, il avait jugé, à l'occasion de la publication à Genève d'un rapport accablant sur la situation des droits de l'homme, que la démocratie était en danger de mort dans ce pays.
Il avait alors reconnu qu'il y avait eu au Venezuela "une érosion de la vie démocratique" qui "doit être à peine vivante, si elle est encore en vie".
Dans le rapport, les experts de l'ONU ont dénoncé "une volonté politique de réprimer des voix critiques et d'instiller la peur parmi la population, afin de mettre un terme aux protestations".
Dictature, un mot trop 'doux'
Présente à l'ONU, Julieta Lopez, tante de l'opposant vénézuélien Leopoldo Lopez, qui est en résidence surveillée, a déclaré aux médias que son pays "ne pourra pas s'en sortir sans une aide extérieure, internationale". "La dictature est un mot trop doux" pour décrire le Venezuela, a-t-elle dit, assurant que le Venezuela est "dirigée par des bandes criminelles organisées".
Les autorités vénézuéliennes ayant refusé l'accès au pays aux enquêteurs de l'ONU, M. Zeid avait chargé une équipe de spécialistes des droits de l'homme d'interviewer à distance quelque 135 victimes et leurs familles, ainsi que des témoins, des journalistes, des avocats, des médecins, et des membres du Bureau de la procureure générale.
Le Venezuela, pays producteur de pétrole, en proie à une grave crise économique marquée par des pénuries de produits de première nécessité, est le théâtre de manifestations depuis avril contre le président Maduro qui ont fait près de 130 morts.
Dans un communiqué diffusé par l'ONG Human Rights Watch au nom de 116 organisations, en majorité latino-américaines, les défenseurs des droits de l'homme expliquent que la "crise au Venezuela devrait être une priorité du Conseil". De son côté, l'ONG UN Watch a demandé que le Venezuela soit suspendu du Conseil, une décision que seule l'Assemblée générale de l'ONU peut prendre.
La Commission internationale de juristes, une organisation basée à Genève, a quant à elle indiqué que le Tribunal suprême de justice (TSJ), la Cour suprême du Venezuela, "a cessé d'agir en tant que tribunal indépendant" et "est devenu le bras d'un dirigeant autoritaire".
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