Le bloc dit bourgeois emmené par la Première ministre conservatrice Erna Solberg et l'opposition conduite par le travailliste Jonas Gahr Støre étaient au coude à coude dans les derniers sondages, promettant un scrutin au résultat très incertain, potentiellement arbitré par des petits partis.
Les bureaux fermeront à 21H00 (19H00 GMT), heure à laquelle les premiers résultats partiels seront publiés au terme de ce que les éditorialistes ont décrit comme le "plus grand thriller électoral depuis de nombreuses décennies" dans le riche royaume nordique de 5,3 millions d'habitants.
"Je suis prête pour quatre années de plus", a assuré Mme Solberg après avoir voté dans une école de sa ville natale de Bergen (ouest). "Reste à voir si le peuple norvégien est prêt à quatre ans de plus avec moi".
À la tête d'une coalition incluant les populistes "light" du parti du Progrès (anti-immigration) depuis 2013, cette dirigeante populaire et chevronnée de 56 ans joue la carte d'une rassurante continuité et espère être la première conservatrice en plus de 30 ans à remporter deux mandats d'affilée.
Sous sa baguette, le pays, plus gros producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'ouest, a surmonté avec succès deux crises graves, celle du secteur pétrolier due au plongeon du cours du baril à compter de l'été 2014 puis celle des migrants en 2015.
Le gouvernement a abaissé la pression fiscale pour relancer l'économie et la préparer à l'âge post-pétrolier, quitte à se servir - trop généreusement selon l'opposition et nombre d'économistes - dans l'astronomique fonds souverain du pays, qui pèse près de 1.000 milliards de dollars.
En face, M. Støre, un millionnaire diplômé de Sciences Po Paris, promet un relèvement des impôts des plus riches pour consolider l'État-providence cher aux Norvégiens et réduire les inégalités.
"Nous avons besoin d'un changement maintenant parce que nous sommes en train de nous écarter les uns des autres", a dit le responsable travailliste de 57 ans après avoir voté à Oslo dimanche, une possibilité dans de nombreuses municipalités.
Pays heureux mais vote contestataire
Productrice de 49 ans, Elin Festøy a voté pour le statu quo. "Ce qui m'intéresse, c'est l'emploi. Je pense qu'il faut que nous fassions en sorte que les jeunes trouvent un emploi, mais aussi comprendre que créer des emplois est la meilleure façon d'intégrer les réfugiés et les immigrants", estime-t-elle.
Au contraire, Kaja van der Schoor souhaite le changement. "En ce qui concerne les réfugiés, je dirais qu'il faut changer certaines choses", explique cette recruteuse de 28 ans. "La façon dont cela a été dépeint a divisé la société et effrayé les Norvégiens, en disant que c'était une mauvaise chose, alors que c'est quelque chose que nous devons faire. Nous devons aider."
Conservateurs et travaillistes s'accordent sur de nombreux points: poursuite des activités pétrolières dans l'Arctique, politique d'immigration sévère, importance de liens étroits avec l'UE dont le royaume n'est pas membre...
Les seconds ont toutefois beau jeu de dénoncer les difficultés de Mme Solberg à brider les déclarations parfois provocatrices de leurs alliés du parti du Progrès, notamment la remuante ministre de l'Immigration et de l'Intégration, Sylvi Listhaug.
Face à leur recul annoncé, les deux forces principales forces politiques du royaume devront aussi composer avec des petits partis, dont le score s'avérera crucial pour la couleur de la prochaine majorité.
"Chacun a sa niche avec un message très clair", a expliqué à l'AFP Johannes Bergh, analyste à l'Institut de recherche sociale. "Leur poussée va compliquer la formation d'une coalition gouvernementale stable", une tâche qui pourrait selon lui prendre "plusieurs semaines".
La Norvège a beau avoir été très officiellement désignée pays le plus heureux du monde par l'ONU en mars, ce scrutin à la proportionnelle pourrait notamment faire la part belle à plusieurs formations contestataires, avec un impact possible pour l'industrie pétrolière.
Parmi elles: le parti du centre (agrarien) farouchement eurosceptique et tourné contre les élites urbaines, les écologistes qui réclament la fin de toute nouvelle prospection d'hydrocarbures ou encore les marxistes de Rouge hostile aux acteurs privés dans le service public.
À cause du morcellement du paysage politique, l'émergence d'un nouveau gouvernement pourrait prendre "plusieurs semaines", prévient M. Bergh.
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