- Un contexte porteur
Après un gros coup de mou dû à la chute du cours des hydrocarbures, la Norvège, plus gros producteur de pétrole d'Europe de l'ouest, voit son économie redécoller avec une croissance vigoureuse (0,7% aux premier et deuxième trimestres) et un chômage qui reflue (4,3% en juin).
Pour ce faire, la droite au pouvoir a réduit de 21 milliards de couronnes (plus de 2 milliards d'euros) la pression fiscale: baisse de l'impôt sur le revenu et sur la fortune, suppression des droits de succession, allègement de la fiscalité sur les entreprises... Il lui est cependant reproché de s'être trop grassement servie dans l'énorme fonds souverain, d'une valeur de près de 1.000 milliards de dollars.
La question d'une adhésion à l'UE, rejetée par les Norvégiens à deux reprises dans le passé (1972 et 1994), a été totalement passée sous silence, tant l'opinion publique y reste hostile. Dans le sillage du Brexit, certains partis, à droite comme à gauche, souhaitent cependant une renégociation des liens avec Bruxelles: via son appartenance à l'Espace économique européen (EEE), la Norvège a accès au marché unique mais doit en contrepartie adopter la plupart des réglementations européennes sans avoir voix au chapitre dans leur élaboration.
- Les petits partis en arbitres
La coalition sortante - les conservateurs de la Première ministre Erna Solberg et le parti du Progrès (anti-immigration) - propose la continuité en promettant une poursuite modérée des baisses d'impôts. En face, le parti travailliste de Jonas Gahr Støre veut revenir sur certaines baisses fiscales et relever de jusqu'à 15 milliards de couronnes les impôts pour réduire les inégalités et renforcer l'État-providence.
Ce duel classique sera arbitré par les petits partis, dont le score sera essentiel pour faire pencher la balance à droite ou à gauche.
Minoritaire au Parlement, le gouvernement sortant a jusqu'à présent pu s'appuyer sur le parti démocrate-chrétien et le parti libéral pour faire passer ses lois. À l'instar des travaillistes, le parti centriste (agrarien), la Gauche socialiste et la petite formation marxiste Rouge sont quant à eux bien décidés à le faire tomber.
Le parti écologiste (MDG), lui, se dit indépendant et prêt à négocier avec les deux blocs, mais refuse d'ores et déjà de soutenir un gouvernement comprenant le parti du Progrès.
- Quid des extrêmes?
Contrairement à ce que l'on observe dans d'autres pays européens, ce scrutin échappe largement au spectre du populisme.
Les formations historiquement les plus "radicales", le parti du Progrès (FrP, anti-taxes et anti-immigration) à droite et la Gauche socialiste (SV), n'ont jamais vraiment dépassé le cap du populisme "light" à l'échelle européenne.
Leurs aspérités ont été en grande partie gommées par l'exercice du pouvoir: auprès des conservateurs ces quatre dernières années pour les premiers, et au sein d'une coalition de gauche conduite par le travailliste Jens Stoltenberg entre 2005 et 2013 pour les seconds.
Cela n'empêche pas un vote contestataire dirigé contre les élites urbaines ou pour l'arrêt plus ou moins rapide des activités pétrolières.
- Un vote à la proportionnelle et... sécurisé
Les 169 députés sont élus à la proportionnelle. Dix-neuf de ces mandats sont distribués, en fonction de leur taille, entre les partis ayant recueilli plus de 4% des suffrages exprimés, un seuil très important à franchir donc pour les petites formations.
Par précaution, le gouvernement a demandé à toutes les municipalités de réaliser au moins un dépouillement manuel des bulletins, y compris celles qui recourent au comptage automatique par scanner. Oslo dit ne pas avoir détecté de signes de tentatives d'intrusion informatique mais invoque la nécessité de renforcer la confiance des électeurs dans les résultats.
- De multiples scénarios possibles
Statu quo, coalition de gauche plus ou moins large, gouvernement minoritaire conservateur ou travailliste... Les politologues dénombrent une bonne dizaine de scénarios possibles au sortir de l'élection.
Les sondages sont si serrés que beaucoup dépendra de la capacité des différents petits partis à se hisser au-delà de la barre fatidique des 4%. Cinq d'entre eux tournent aujourd'hui autour de ce chiffre dans les sondages.
Les contours de la prochaine équipe pourraient ensuite mettre du temps à se dessiner.
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