Alors que le dossier a créé cet été de vives tensions entre les deux capitales, le ton semble s'être apaisé, même si M. Padoan a souligné récemment que l'Italie réclamait toujours 51% de STX France, chantier basé à Saint-Nazaire, dans l'ouest de la France.
Lors d'un déplacement en Italie le 2 septembre, M. Le Maire s'est dit confiant sur la possibilité de conclure un accord.
"Je suis toujours d'avis qu'une coopération entre la France et (le constructeur italien) Fincantieri reste la meilleure option pour Saint-Nazaire", a dit le ministre. "Nous devons résoudre certains problèmes", mais "je suis profondément convaincu que si chacun est capable de faire un effort, nous trouverons un compromis avant la fin de septembre", a-t-il affirmé.
Le lendemain, M. Padoan s'est lui aussi dit "optimiste", en soulignant avoir d'"excellentes relations" avec M. Le Maire. Il a néanmoins indiqué que l'Italie n'avait "pas changé d'idée" concernant les 51% de STX. "Nous devrons voir maintenant s'il y a des propositions plus acceptables que celles faites jusqu'ici", a-t-il dit.
'Offre améliorée'
Selon Emma Marcegaglia, la présidente de Business Europe, l'association des industriels européens, qui a déjeuné le 2 septembre avec M. Le Maire, Paris devrait proposer "une offre améliorée", avec "quelque chose sur la partie militaire".
La crise entre les deux pays est née avec la nationalisation "temporaire" fin juillet de STX France, pourtant promis à Fincantieri sous la présidence de François Hollande.
Son successeur Emmanuel Macron a décidé de rouvrir le dossier, estimant que l'accord n'était "pas suffisamment protecteur des intérêts industriels stratégiques français". Révisant le pacte d'actionnaires, il a proposé à l'Italie un accord 50-50, ce que Rome refuse.
Les deux capitales se sont donné jusqu'au 27 septembre, date d'un sommet entre M. Macron et le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni, pour tenter de trouver une solution "réciproquement acceptable".
Paris a évoqué l'idée d'un grand pôle naval, civil et militaire, entre la France et l'Italie, pour faciliter un accord, ce à quoi le gouvernement italien s'est montré favorable.
"Nous travaillons avec nos collègues italiens à la constitution d'une alliance entre les industries navales militaires française et italienne, dans le domaine des bâtiments de surface, avec l'ambition de constituer à terme un leader mondial", a expliqué mardi la ministre française des Armées Florence Parly.
"Ce projet ambitieux avance, en concertation étroite avec les industriels concernés", a-t-elle ajouté.
On se dirigerait ainsi vers une alliance large entre Naval Group (ex-DCNS), STX France et Fincantieri, groupes représentant un chiffre d'affaires combiné de 9 milliards d'euros.
'Garde-fous'
Mais Bruno Retailleau, le président de la région des Pays de la Loire où est situé STX France, a appelé le gouvernement français à "résister aux pressions de l'Italie" et à faire en sorte que "Fincantieri ne dispose pas de la majorité du capital".
Il a également demandé que le pacte d'actionnaires "puisse intégrer de solides garde-fous destinés à sécuriser l'emploi et le savoir-faire des chantiers de Saint-Nazaire, comme ceux de ses sous-traitants, rendre impossibles contractuellement les délocalisations de commandes et préserver l'autonomie des chantiers navals en matière commerciale et de recherche et développement".
Le président de la Confindustria (le patronat italien), Vincenzo Boccia, a de son côté souhaité que "prévale le bon sens et que la France devienne toujours plus européenne". "Nous, nous le sommes", a-t-il ajouté.
La presse italienne avait tiré à boulets rouges sur la France après l'annonce de la privatisation de STX, fustigeant le "protectionnisme" de Paris, alors que de nombreuses sociétés italiennes, comme Gucci, sont tombées dans l'escarcelle de groupes français ces dernières années.
"Je sais qu'il y a eu des malentendus durant les dernières semaines", a reconnu M. Le Maire. Mais "nous sommes totalement déterminés avec Pier Carlo à trouver une solution": l'Italie et la France "doivent travailler ensemble" et "renforcer leurs liens économiques", a-t-il martelé.
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