Ici le déferlement pourrait avoir des conséquences terribles, avec une élévation de l'eau de 3 à 4,5 mètres, ont prévenu les autorités.
Le paysage est désespérément plat, avec un très faible dénivelé par rapport au Golfe du Mexique.
Vues de la plage battue par les rafales et les pluies diluviennes, quelques heures avant l'arrivée de l'oeil de l'ouragan Irma, les défenses naturelles protégeant Naples apparaissent dérisoires: de petites dunes plantées d'une végétation chétive.
Au-delà s'étalent des quartiers résidentiels aux pelouses impeccables, théoriquement totalement évacués de leurs habitants.
Mais les zones d'évacuation seulement conseillée, et non obligatoire, ne sont pas loin et là se concentre le danger.
Trop tard pour fuir
Il est de toute façon trop tard pour fuir. Les rues sont jonchées de palmes arrachées aux cocotiers. Totalement déserte, l'autoroute 75 est balayée par les bourrasques, la visibilité y est très médiocre.
Aucun signe de vie n'anime les grands hôtels, les résidences balnéaires et les villas. Les commerces sont recouverts de panneaux de bois. Tout est fermé. Les seules lumières visibles sont les feux de circulation.
Les évacués sont massés dans des abris, des refuges, des hôtels relativement éloignés du rivage. L'éventualité d'une invasion marine des terres est sur toutes les lèvres.
"Je m'inquiète de tous ces gens qui ne croient pas à une montée des eaux brutale. Il est vital de redouter ce déferlement", s'irrite Virginia Defreeuw, une septuagénaire qui a abandonné son mobile home.
"Les gens n'écoutent pas, certains se disent +On a survécu à (l'ouragan) Wilma, on a survécu à Charley, cela se passera bien, on peut en traverser un autre+", reprend-elle. "Mais celui-ci est néfaste".
Plus d'un million de personnes vivent dans la région de Naples, un nombre qui a augmenté de près de 30% depuis 2010.
Front de mer évacué
De nombreuses résidences neuves se dressent sur le front de mer, où des personnes âgées sont venues chercher le soleil.
Mark Thorpe, un retraité évacué de Key West, a déjà vécu une telle montée de la mer, quand l'ouragan Wilma a frappé en 2005 cette ville à la pointe du petit archipel terminant la péninsule floridienne.
"Ce n'est pas un moment drôle. L'eau montait, marche après marche. On avait un ami qui avait sa (Ford) Bronco garée devant la maison, il avait de l'eau jusqu'au cendrier", relate-t-il.
"Nous possédions une grosse caravane. La compagnie d'assurance est passée des semaines après, ils ne sont même pas entrés dedans, ils ont simplement regardé la marque du niveau d'eau et l'ont déclarée détruite", poursuit l'homme de 69 ans.
Avec sa femme Tess, il a quitté mardi le chapelet d'îles des Keys pour se réfugier sur la côte sud-ouest de la Floride, l'ouragan étant alors censé frapper la côte sud-est.
Mais Irma a changé de route. Le danger est désormais imminent. Mark Thorpe n'envisage pourtant pas de quitter la Floride, même après avoir subi tant de cyclones.
"On apprend à vivre avec. Ici on ne se retrouve jamais à pelleter de la neige", dit-il en référence à une activité hivernale traditionnelle de nombreux Américains, qui dégagent ainsi la voie d'accès au seuil de leur foyer et à leur garage.
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