De la 87e place mondiale mi-janvier à la finale du tournoi le plus richement doté de la planète début septembre: le parcours en 2017 de Kevin Anderson a de quoi donner le vertige, mais le longiligne (2,03 m) Sud-Africain garde résolument les pieds sur terre.
"Je vais continuer à faire ce que j'ai fait depuis le début du tournoi et m'occuper simplement de ce qu'il se passe de mon côté du filet", a-t-il souri après sa victoire en demi-finale face à l'Espagnol Pablo Carreno Busta 4-6, 7-5, 6-3, 6-4.
Il va pourtant disputer à 31 ans le match le plus important de sa carrière, l'un des matches de tennis les plus attendus en Afrique du Sud, sevrée de titres majeurs, et l'une des finales les plus inattendues dans l'histoire des tournois du Grand Chelem.
Installé depuis qu'il a 18 ans aux Etats-Unis, passé par l'exigeant Championnat universitaire américain (NCAA), Anderson sera dimanche le premier Sud-Africain en finale d'un Grand Chelem depuis Kevin Curren en 1984 (Open d'Australie) et peut offrir à son pays un deuxième titre majeur après le sacre de Johan Kriek à l'Open d'Australie en 1981.
Rééducation pendant deux mois
Connu jusque là surtout pour sa taille, ses services dévastateurs et sa femme Kelsey qui décrit dans un blog plein de dérision la vie "glamour" des femmes de joueurs, Anderson revient de loin.
Après avoir culminé à la 10e place mondiale fin 2015, il a collectionné en 2016 les pépins physiques (épaule, cheville) et les déconvenues, jusqu'à la tuile, une blessure plus grave à une hanche (déchirure du labrum acétabulaire).
"On m'a dit qu'il fallait que je me fasse opérer, mais après avoir consulté plusieurs médecins, j'ai renoncé et j'ai fait de la rééducation pendant deux mois, à raison de sept/huit heures par jour", a-t-il rappelé
Absent à l'Open d'Australie au début de l'année, il a lancé sa saison timidement fin février. Après avoir manqué de peu une qualification aux quarts de finale à Wimbledon (défaite au 5e set contre l'Américain Sam Querrey, contre lequel il a pris sa revanche en quarts à Flushing), il a signé ses premiers résultats notables fin juillet à Washington (finale) et en août à Montréal (quarts de finale).
A Flushing Meadows, il a profité pleinement des déconvenues dans sa partie de tableau des principales têtes de série, l'Allemand Alexander Zverev et le Croate Marin Cilic, tombés respectivement aux 2e et 3e tours. Pour devenir le joueur le moins bien classé dans l'histoire de l'ATP (32e) à atteindre la finale de l'US Open.
23e finale en Grand Chelem
C'est peu dire qu'il ne part pas favori face Nadal, qui va disputer au même âge que lui sa troisième finale en Grand Chelem de l'année, après Melbourne et Roland-Garros, la 23e de sa carrière, et qui l'a toujours battu en quatre confrontations !
"C'est l'un des plus grands champions tous sports confondus, c'est un +guerrier+ fantastique, il faudra surtout l'empêcher de prendre le contrôle du court, sinon, cela deviendra très difficile", a admis Anderson.
Mais Nadal se garde de tout triomphalisme: "Kevin joue très bien, avec beaucoup de confiance et d'agressivité, il faudra tenter de le perturber avec des variations de rythme", a estimé le Majorquin après sa démonstration contre l'Argentin Juan Martin del Potro en demi-finale (4-6, 6-0, 6-3, 6-2).
Son oncle et entraîneur Toni se méfie lui aussi du Sud-africain: "+Rafa+ sera le favori logique, mais j'ai vu jouer Anderson et son niveau de service est incroyable".
"Etre le favori ne compte pas. Ce qui compte, c'est de bien jouer en finale", a prévenu l'"oncle Toni" qui dirigera son neveu pour la dernière fois en Grand Chelem avant de se consacrer pleinement à leur académie à Majorque.
Un 16e titre en Grand Chelem, un 3e à New York après 2010 et 2013, serait un beau cadeau de départ.
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