Ignorant le vent soulevant le sable de Miami Beach, Phillip, sans-abri âgé de 39 ans, reste assis sur un banc non loin de cette célèbre plage américaine. "Je connais cet endroit, je vis ici. Je ne vais pas partir. J'irai juste là où ce n'est pas inondé", explique-t-il.
Sur la fameuse promenade donnant sur la plage et ses cabines en bois colorées pour maîtres-nageurs, la plupart des commerces ont fermé, leurs fenêtres et portes renforcées par des planches en bois. Des branches tombées sous le coup des bourrasques jonchent déjà le sol et l'océan Atlantique d'ordinaire turquoise, apparait sombre et agité.
Mais cette ambiance fantomatique n'empêche pas quelques passants de s'aventurer sur la plage, se prenant en photo sous la pluie. Téméraire, un homme a même profité du vent pour se lancer en planche à voile sur les flots menaçants avant de disparaître dans la brume.
Plus d'un quart de la population de la Floride, soit 6,3 millions d'habitants, a reçu l'ordre de partir avant l'arrivée d'Irma, qui doit frapper dimanche matin.
Les autorités de cet Etat à la pointe sud-est des Etats-Unis, bordé par des centaines de kilomètres de côtes, craignent aussi la formation de tornades mais surtout une dangereuse montée des eaux, qui pourrait dépasser de 4,5 mètres le niveau habituel de la mer à la pointe sud-ouest.
Pas assez pour convaincre Scott Abraham de quitter, avec son épouse et ses deux enfants, son appartement au 5e étage donnant sur la plage de Miami.
"Ma femme déteste que je dise ça parce que ça donne l'impression qu'on ne prend pas soin de nos enfants", confie en riant cet agent immobilier d'une quarantaine d'années.
En se basant sur les dernières prévisions, il espère que l'ouragan dévie vers l'ouest et perde en puissance. "Si j'habitais dans une maison, je serais parti, explique-t-il. Mais si on est inondé ici, ça va nous prendre au moins une semaine avant de pouvoir revenir, c'est hors de question."
'Tempête catastrophique'
Un couvre-feu a été déclaré à Miami à partir de samedi 19H00 (23H00 GMT) et dès 16H00 (20H00 GMT) dans plusieurs villes plus au nord, comme Fort Lauderdale.
"La tempête est déjà là", a tonné le gouverneur de la Floride, Rick Scott. "Et la montée des eaux survient après le vent. Ne pensez pas que tout se termine une fois que le vent est passé", a-t-il martelé.
Sur des matelas gonflables ou des couvertures à même le sol, des habitants ont passé leur première nuit dans les abris. Samedi, quelque 320 refuges accueillaient 54.000 personnes à travers la Floride, selon le gouverneur qui prévoyait une augmentation de ce chiffre. Des centaines de milliers d'autres sont partis vers le nord, par leurs propres moyens, bravant les embouteillages et les pénuries d'essence.
L'impact d'Irma se faisait aussi déjà sentir samedi en Floride avec les premières coupures de courant. Quelque "4,1 millions d'utilisateurs vont se retrouver sans électricité à cause d'Irma", a averti le producteur Florida Power and Light (FPL).
"Le gouverneur Scott a activé tout le contingent de l'armée et la garde nationale aérienne de Floride - 7.000 gardes - pour aider à la planification et aux préparatifs avant l'impact de l'ouragan Irma", ont expliqué ses services. Les autorités cherchaient samedi à mobiliser jusqu'à 30.000 membres de la garde nationale, ainsi que 4.000 camions et 100 hélicoptères.
En attendant, Rick Scott a de nouveau lancé un appel aux volontaires, insistant sur la nécessité de trouver 1.000 infirmiers pouvant venir en aide aux sinistrés les plus vulnérables, malades ou personnes âgées.
"Si vous vous trouvez dans un endroit sous ordre d'évacuation, dirigez-vous vers un lieu sûr", a-t-il martelé en conférence de presse. "Il s'agit d'une tempête catastrophique, plus vaste que notre Etat."
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