"Nous avons toute la force de l'Etat contre nous", a lancé M. Puigdemont, dans un discours prononcé devant la direction de son parti, à J-23 du référendum qu'il veut organiser coûte que coûte dans sa région du nord-est de l'Espagne.
"Face à toujours plus de poursuites judiciaires et de menaces, il y a toujours plus de bénévoles et de mairies engagés" en Catalogne pour ce vote et "toujours plus de détermination du gouvernement régional", a-t-il lancé.
M. Puigdemont s'exprimait au lendemain du lancement d'une enquête judiciaire le visant, pour de possibles délits de "désobéissance", "prévarication" et "malversation de deniers publics".
Le président du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy, a de son côté assuré samedi que les séparatistes catalans étaient isolés en Europe.
"En Europe, ils n'en reviennent pas", a-t-il affirmé, lors d'une réunion de son parti en Aragon. Les séparatistes catalans "n'ont pas de soutien mais (suscitent) le rejet et la stupéfaction", a-t-il ajouté.
Ce qu'ils ont fait "est illégal et antidémocratique", a dit le dirigeant conservateur, en adoptant "à la hussarde" cette semaine des lois régionales visant à organiser le référendum et à poser le cadre d'une éventuelle République catalane indépendante.
"Il n'y aura pas de référendum, je ferai tout ce qui est nécessaire pour cela, c'est mon obligation (...) de préserver l'unité nationale", a répété M. Rajoy.
Les séparatistes assurent, eux, défendre leurs droits, après des années d'"humiliation" par les conservateurs du parti de M. Rajoy, qui avaient notamment obtenu de la Cour constitutionnelle en 2010 qu'elle réduise les larges compétences accordées à la Catalogne par le Parlement espagnol.
Perquisition et manifestation
En 2014, la Cour avait déclaré anticonstitutionnel le principe même d'un référendum d'autodétermination dans une région. Et ses juges ont "suspendu" cette semaine les textes adoptés par le parlement catalan pour l'organiser.
L'ordre a par ailleurs été donné de saisir le matériel électoral en préparation.
Après une imprimerie vendredi, la Garde civile a perquisitionné samedi les locaux du petit journal d'une localité catalane, qui serait soupçonné d'avoir fait imprimer des bulletins.
Aussitôt des manifestants se sont massés devant ces locaux, aux cris de "nous voterons", "indépendance!", dans la petite ville de Valls, adhérente à l'Association des municipalités indépendantistes.
M. Puigdemont a réagi en disant: "Ils peuvent perquisitionner des imprimeries, ils peuvent encercler un média avec des gardes civils, nous les déborderons lundi démocratiquement et pacifiquement comme toujours" lors de la manifestation de la fête de la Catalogne "et le 1er octobre avec les urnes".
2/3 des mairies engagées
Sur 948 mairies de la région, "674 ont apporté leur soutien au référendum", assure l'Association des municipalités indépendantistes.
Cependant la capitale catalane, Barcelone - qui compte à elle seule 1,6 million d'habitants - a refusé de dire si elle rendrait des locaux disponibles, en demandant plus de précisions au gouvernement régional, vu les risques légaux encourus par les fonctionnaires.
La maire de gauche de Barcelone, Ada Colau, a critiqué "l'incapacité ou l'absence de volonté" de M. Rajoy pour trouver "une solution politique à un conflit politique" mais a aussi indirectement appelé les dirigeants séparatistes à ne pas faire "primer la fin sur les moyens" et "laisser de côté la moitié de la Catalogne".
'Labyrinthe'
Le directeur de La Vanguardia - le quotidien national le plus lu en Catalogne - a écrit samedi dans un éditorial: "Le contentieux catalan ressemble de plus en plus à un labyrinthe qui paraît ne pas avoir de sortie" et dont les constructeurs se trouvent "ici et là-bas", à Barcelone et à Madrid.
La région aux 7,5 millions d'habitants - grande comme la Belgique et qui produit 20% du PIB espagnol - reste partagée.
A la question "Voulez-vous que la Catalogne devienne un Etat indépendant", 41,1% des Catalans sondés ont répondu "oui" en juin et 49,9% "non", selon le Centre d'études d'opinion catalan.
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