"Je reviens avec une grande détermination" a affirmé à l'heure du déjeuner la présidente du Front national devant environ 500 personnes, drapeau tricolore et parapluie à la main, la faute à un temps capricieux après plusieurs années sous un grand soleil dans ce petit village où elle effectue sa rentrée politique depuis 2014.
Le climat s'est en effet détérioré pour Marine Le Pen: présente au second tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron, elle apparaît supplantée par Jean-Luc Mélenchon comme tête d'affiche de l'opposition au chef de l'Etat.
Son parti, lui, est divisé. Malgré des records de voix à la présidentielle et de députés au scrutin majoritaire, les responsables du parti ne cessent de se renvoyer la responsabilité de l'échec électoral, certains doutant désormais que Marine Le Pen soit leur meilleur atout électoral.
La présidente du FN s'en est prise violemment à Emmanuel Macron ("la France nomade") et plus encore à Jean-Luc Mélenchon ("les islamo-trotskistes"), présentant son parti comme "l'exacte antithèse du macronisme" et "le seul en mesure d'incarner la grande alternance" dans une France à la situation selon elle catastrophique, notamment du fait de l'immigration.
Elle a saisi l'occasion pour accuser l'exécutif de n'avoir "rien prévu" ni "anticipé" à Saint Barthélemy et Saint Martin, dévastées par l'ouragan Irma.
Elle a aussi directement reproché à Emmanuel Macron, "perché sur les gravats grecs de la politique d'austérité" vendredi lors d'un discours à Athènes, de "traiter de fainéants ceux qui refusent de se plier à sa politique de précarité à perpétuité".
Défi de la "refondation"
Mais faute d'élections à venir dans l'immédiat, hormis les sénatoriales dans deux semaines, son chantier majeur est interne, celui de la "refondation", lancé au soir du second tour perdu.
A ce sujet, elle a très vite mis en garde dans son discours de trois quarts d'heure ses lieutenants contre le poison de la division : "Dans les grands combats, les petites carrières personnelles ne comptent pas (...) La première victoire est sur nous-mêmes".
Le nouveau Front national, "qui portera un nouveau nom", verra ses orientations ajustées à l'issue d'un congrès en mars à Lille, dont le vote sera "souverain".
Dans l'attente, une tournée de "refondation", dont Brachay était la première étape avant Toulouse le 23, et un questionnaire envoyé à la fin du mois aux frontistes.
Mme Le Pen a appelé "tous les Français" à participer à son grand-oeuvre, promettant une nouvelle structure, un "mécanisme de fonctionnement rénové", plus "décentralisé", mais aussi un projet d'Europe des nations "davantage formalisé" --c'était souhaité en interne-- et l'émergence de "nouvelles personnalités".
Elle a aussi prôné une meilleure "capacité d'ouverture aux alliances politiques et électorales". Ce voeu est formulé par de nombreux soutiens, certains comme le secrétaire général Nicolas Bay voulant attirer un électorat de droite élargi, d'autres comme le vice-président Florian Philippot rassembler la France du "non" au référendum sur la constitution européenne de 2005.
Tous deux étaient d'ailleurs présents, chacun jouant sa partition. Le premier a dit samedi matin sur France Inter que pour le débat de "refondation", "on n'était pas obligé d'organiser des structures à l'extérieur" du FN, référence au lancement critiqué en mai de l'association Les Patriotes par M. Philippot, et demandant de prendre "à bras le corps la question centrale de l'identité".
Le vice-président du FN a lui dit "préférer (se) battre contre Emmanuel Macron plutôt qu'avec les gens avec qui je dois travailler", assurant que tout allait bien avec Marine Le Pen, avec qui il venait de "partager un café".
"Comme il n'y a pas d'élections, il faut qu'on se mette sur la figure", résumait récemment, désolée, une frontiste historique à l'AFP.
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