En une journée, le nombre de réfugiés a encore bondi de 20.000 après le recensement de nouvelles zones et villages investis par les nouveaux venus, d'après l'ONU.
"Quelque 290.000 Rohingyas sont arrivés au Bangladesh depuis le 25 août", a déclaré Joseph Tripura, porte-parole du Haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR).
La plupart arrivent à pied ou en bateaux. Les deux pays ont une frontière longue de 278 kilomètres, et un quart de celle-ci est constituée par la rivière Naf.
Le HCR estime que sur la seule journée de mercredi plus de 300 bateaux sont arrivés. Une traversée dangereuse en cette période de mousson qui a coûté la vie à de nombreuses personnes depuis 15 jours.
Les civils rohingyas fuient les violences dans leur région depuis que l'armée a lancé une vaste opération à la suite d'attaques fin août contre des postes de police par les rebelles de l'Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), qui dit vouloir défendre les droits bafoués de cette minorité musulmane.
Au Bangladesh, Dipayan Bhattacharyya, du Programme alimentaire mondiale (PAM) s'inquiète de la "situation très volatile".
"Nous avions planifié pour 120.000 nouveaux arrivants. Puis pour 300.000. Nous avons atteint ce chiffre et allons donc peut-être devoir prévoir plus si cela se poursuit sans relâche", estime-t-il.
Epuisés, affamés, les nouveaux arrivés se précipitaient samedi en courant vers les distributions alimentaires du PAM. La plupart des familles ont dû marcher pendant plusieurs jours pour atteindre le Bangladesh, survivants sous la pluie avec très peu de vivres et d'eau.
"Les gens sont complètement désespérés. Ils ont besoin de nourriture, d'eau et d'un abri. Ils sont privés de tout", raconte Dipayan Bhattacharyya.
Au total, on estime qu'entre les violences d'octobre qui avaient poussées 87.000 personnes à fuir et les troubles actuels, près du tiers des Rohingyas de Birmanie (estimés à un million) sont désormais au Bangladesh.
"Nous avons identifié un terrain pour le camp qui pourra accueillir 250.000 à 300.000 personnes", a déclaré à l'AFP Mofazzal Hossain Chowdhury, le ministre de la gestion des catastrophes et des secouristes. Ce camp devrait être installé près d'un camp de réfugiés rohingyas existant et géré par l'ONU.
La Birmanie a annoncé samedi qu'elle allait mettre en place des camps pour accueillir les musulmans rohingyas déplacés, une première, après un nouvel appel de l'ONU, qui a enjoint vendredi la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi à "se mobiliser".
Environ 27.000 bouddhistes et hindous ont également fui leurs villages et ont trouvé refuge dans les monastères et les écoles dans le sud de la région.
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