Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte a évoqué un "problème grave". La ministre française des Outre-mer Annick Girardin a même rapporté "des pillages réalisés juste devant (s)es yeux" lors d'une mission de reconnaissance à Saint-Martin jeudi.
Alors qu'au moins quatre personnes ont trouvé la mort dans la partie française et une autre dans la partie néerlandaise de l'île, plusieurs témoignages recueillis sur place ont confirmé que des pilleurs profitaient du drame pour dévaliser des magasins souvent éventrés après le passage dévastateur de l'ouragan.
"Ca prenait plusieurs formes", a ajouté la ministre française. Des photos de l'AFP montrent notamment plusieurs personnes en train de dévaliser un petit commerce à Quartier-d'Orléans à Saint-Martin.
Côté néerlandais, un témoin, cité par le quotidien Algemeen Dagblad, a évoqué "des gens armés de revolvers et de machettes dans la rue". "La situation est très grave. Personne n'est en charge", a-t-il ajouté.
Le ministre néerlandais de l'Intérieur Ronald Plasterk a confirmé que des pillages avaient eu lieu, soulignant que des soldats étaient d'ores et déjà sur place pour tenter d'imposer un retour à l'ordre.
Des troupes supplémentaires et des policiers devaient arriver en renfort dans la partie sud de l'île pour aider à rétablir l'ordre, ont indiqué des responsables néerlandais.
"Nous n'abandonnerons pas" Saint-Martin, a insisté Mark Rutte.
"La plus grande urgence c'est la question de la santé, de l'arrivée de l'eau et de nos capacités alimentaires qui vont arriver. Et puis la deuxième c'est l'ordre public", a indiqué de son côté Mme Girardin, précisant que 400 gendarmes étaient envoyés sur zone pour "prendre le relais de ceux qui ont vécu comme les autres le cyclone".
"Porter plainte"
Au total "600 personnes, gendarmes, pompiers, sauveteurs, médecins, experts" ont rejoint Saint-Martin jeudi et d'ici vendredi soir "on en sera à 900 hommes ou forces supplémentaires", a-t-elle précisé.
Le passage dévastateur de l'ouragan Irma, resté trois jours en catégorie 5 avec des rafales à plus de 300 km/h, a laissé derrière lui un paysage de désolation avant de poursuivre sa route vers les Etats-Unis.
A Saint-Martin, l'électricité est toujours coupée, l'eau potable absente, l'essence indisponible, et une partie des routes inondées ou envahies par des amas de tôles et jonchées de morceaux de bateaux déchiquetés, d'arbres balayés par les vents, de toitures arrachées et de voitures renversées, de bâtiments en ruine et de végétation détruite.
Un chaos qui profite aux pilleurs. La ministre française de la Justice, Nicole Belloubet, a annoncé qu'un procureur arriverait à Saint-Martin "dans les meilleurs délais" pour "recueillir, éventuellement inciter les gens à porter plainte si nécessaire comme cela semble être le cas".
Le pillage, "c'est un vol caractérisé qui donc subira les sanctions tout à fait adaptées à cela. C'est inadmissible et donc la justice sera extrêmement rigoureuse", a-t-elle ajouté sur la radio RTL.
En attendant, les habitants se sentaient "un peu livrés" à eux-mêmes, comme l'a expliqué à l'AFP Olivier Toussaint qui vit sur l'île voisine de Saint-Barthélemy, elle aussi ravagée par l'ouragan.
"Les maisons sont éventrées, l'aérodrome est hors d'usage, les poteaux électriques et téléphoniques sont par terre. Dans les cimetières, on a des voitures retournées. Les bateaux ont coulé dans le port, les boutiques de luxe sont éventrées", a-t-il raconté, alors que l'arrivée en fin de semaine d'un autre cyclone, José, classé en catégorie 3, constitue une nouvelle source d'angoisse pour la population.
burs-jk/mw/lch
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