"La recherche de la paix est un travail toujours inachevé, une tâche sans répit et qui exige l'engagement de tous", a déclaré le pape, devant les autorités politiques et religieuses, rassemblées sur la place d'Armes du palais présidentiel Casa de Nariño à Bogota.
François, dont c'est la première visite pontificale dans ce pays, a encouragé les Colombiens à s'efforcer de "fuir toute tentation de vengeance et de recherche d'intérêts uniquement particuliers et à court terme".
Soulignant que la société "n'est pas constituée uniquement par quelques +pur-sang+, mais par tous", il a affirmé que "plus difficile est le chemin qui conduit à la paix et à l'entente, plus nous devons nous engager à reconnaître l'autre, à guérir les blessures et à construire des ponts, à serrer les liens et à nous entraider".
S'attaquer à la pauvreté
"Il ne sert à rien de faire taire les fusils, si nous restons armés dans nos coeurs. Il ne sert à rien de terminer une guerre si nous continuons à nous voir les uns les autres comme ennemis", a pour sa part déclaré le président Juan Manuel Santos en souhaitant la bienvenue à François, arrivé la veille pour cette visite de cinq jours.
Le pape argentin, qui s'entretenait ensuite en privé avec le chef de l'Etat et prix Nobel de la Paix 2016, a souligné qu'"il faut des lois justes pouvant garantir cette harmonie et aider à surmonter les conflits qui ont déchiré cette Nation durant des décennies (...), s'attaquer aux causes structurelles de la pauvreté qui génèrent exclusion et violence".
François, 80 ans, soutient le processus de paix engagé par M. Santos qui a signé en novembre un accord de paix historique avec la puissante guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), apparue en mai 1964 et aujourd'hui reconvertie en parti politique légal.
Mensonge et ressentiment
La guerre fratricide qui déchire la Colombie a, au fil des décennies, impliqué une trentaine de guérillas, des milices paramilitaires et les forces de l'ordre, faisant quelque 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et au moins 7,1 millions de déplacés.
Jeudi, François rencontre aussi des jeunes sur la place Bolivar, au coeur de Bogota. Puis, environ 660.000 personnes sont attendues dans l'après-midi au parc Bolivar, le plus grand de la capitale, pour la première messe de cette visite axée sur la paix et la réconciliation. Le pape se rendra ensuite à Villavicencio vendredi, à Medellin dimanche et Carthagène des Indes, d'où il repartira dimanche pour Rome.
La réconciliation reste à construire dans ce pays, notamment pour des victimes telles que Luis Eduardo Martinez, qui a survécu à un massacre commis par les Farc à Villavicencio. "Pour nous qui avons vu tomber beaucoup de victimes, le ressentiment reste", a admis cet homme de 63 ans, qualifiant le processus de paix avec les Farc de "mensonge".
Le pape, qui a appelé à prier pour "le dialogue" au Venezuela voisin plongé dans une grave crise, s'entretiendra également en privé jeudi avec des évêques et cardinaux vénézuéliens, en marge d'une réunion avec le Conseil épiscopal latino-américain.
"Tout ce que peut faire le pape est bienvenu (...). L'important pour sortir de la crise au Venezuela est de nous retrouver comme Vénézuéliens et avec notre foi", a déclaré à l'AFP Maria Elisa Ramirez, 50 ans, qui a fui son pays en 2015 et s'est installée à Bogota où elle a trouvé un travail comme employée de bureau.
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