Amnesty international a estimé à "au moins 100.000" le nombre de participants dans la capitale, selon son directeur au Togo, Aimé Adi, joint par téléphone.
"C'est du jamais vu, je pense qu'il y a plus d'un million de personnes à Lomé", a de son côté affirmé à l'AFP le chef de file historique de l'opposition, Jean-Pierre Fabre. Le Togo compte environ 7 millions d'habitants.
A Lomé, une foule déchaînée brandissait des pancartes et criait des slogans hostiles au régime de Faure Gnassingbé: "La dictature se nourrit du silence et de l'inactivité", pouvait-on lire sur l'une d'elles.
"Les réformes, c'est des mensonges, on ne les croit plus. Si le peuple est décidé rien ne peut l'arrêter, pas même l'armée", assure à l'AFP Armand Jarre, un manifestant de 26 ans.
Une grande partie de l'opposition togolaise (coalition de cinq partis Cap 2015, le Groupe des six et le Parti National Panafricain -PNP, rejoints par plusieurs partis mineurs), avait décidé de s'unir mercredi pour de grandes marches.
"C'est du jamais vu", a déclaré M. Fabre à l'AFP. "Ce regroupement massif est du à l'unité des partis d'opposition".
L'arrivée de Jean-Pierre Fabre a été acclamée par des milliers de personnes au rond-point Be Gakpoto, épicentre des émeutes qui avaient fait des centaines de morts après l'élection du président Gnassingbé en 2005, année où il a succédé à son père, resté au pouvoir près de quarante ans.
Une autre figure de l'opposition, Tipki Atchadam, qui avance également le chiffre d'un million de manifestants, a affirmé que "de mémoire d'homme, les Togolais ne sont jamais sortis aussi massivement à Lomé".
L'internet mobile était coupé dans la capitale togolaise, empêchant l'accès aux réseaux sociaux, ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.
Dans le nord du pays, à Sokodé, Dapaong et Kara notamment, plusieurs milliers de manifestants ont également défilé, selon Amnesty international et des témoignages d'habitants sur place.
L'opposition demande des réformes constitutionnelles (limitation du mandat présidentiel et scrutin à deux tours) promises par le régime, qui n'ont jamais abouti.
Toutefois, dans les rangs des manifestants, c'est la démission du chef de l'Etat "aujourd'hui même" qui était réclamée.
Projet flou
Le chef de l'Etat "a appelé la population au calme, à la sérénité et à la modération", redoutant de nouvelles violences après les manifestations du 19 août, dans un communiqué publié mardi soir.
Les dispositifs des forces de l'ordre étaient peu visibles dans les rues empruntées par les manifestants. L'ambiance jusqu'à la mi-journée était plutôt joyeuse sur fond de musique reggae, les manifestants s'aspergeant avec de l'eau pour contrer la forte chaleur.
Le gouvernement a tenté de joué l'apaisement la veille des rassemblements en annonçant une réforme constitutionnelle concernant la "limitation des mandats et le mode de scrutin".
Cet avant-projet de loi, adopté mardi en conseil des ministres, doit encore être validé par le Parlement, qui ne fera sa rentrée qu'en octobre. Mais son contenu reste flou.
"Nous avons constaté qu'il y avait une attente forte au sein de la population", a expliqué à l'AFP le ministre de la Fonction publique, Gilbert Bawara, tout en invitant les opposants au "dialogue et au débat".
La limitation à deux mandats présidentiels, dont le principe semble acquis, ne sera en revanche pas rétroactive. "Il n'y a pas de raison législative de le faire (...). Mais nous avons besoin d'un consensus pour que cette réforme soit acceptée", soit les 4/5e des votes au Parlement, a-t-il précisé.
La main tendue du gouvernement et de la présidence n'auront pas suffi à décourager l'opposition.
"Unir (le parti présidentiel, NDLR) demande le dialogue dès qu'il est acculé", affirme Tikpi Atchadam, le leader du PNP.
"Je pense que le peuple est déterminé car il en a marre", confie-t-il à l'AFP, invitant le chef de l'Etat à "sortir par la grande porte". "Je ne crois plus au dialogue avec le régime".
Le président Faure Gnassingbé a succédé à son père, le général Gnassingbé Eyadéma qui a dirigé sans partage le pays pendant 38 ans, à la présidentielle de 2005 avec l'appui de l'armée, ce qui avait entraîné de violentes manifestations et une féroce répression.
Il a été réélu en 2010 et en 2015 lors de scrutins très contestés par l'opposition.
Amnesty a demandé mardi dans un communiqué aux autorités de "s'abstenir de recourir à une force injustifiée ou excessive contre les manifestants".
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