La présidente de la Ligue contre la violence routière, Chantal Perrichon, ne cache pas sa satisfaction: la question de l'insécurité routière "n'avait pas été abordée pendant la campagne présidentielle", souligne-t-elle en espérant en finir avec le "désastre que nous avons subi pendant cinq ans".
En 2016, la mortalité routière a augmenté pour la troisième année consécutive (3.477 morts) après 12 ans de baisse, une première depuis 1972, bien loin de l'objectif fixé en 2012 par le gouvernement de passer sous la barre des 2.000 morts en 2020.
Reconnaissant des chiffres qui "ne sont pas bons", Emmanuel Macron a annoncé mardi devant les préfets la présentation en octobre d'un nouveau plan de sécurité routière. La France compte parmi les pays de l'Union européenne qui déplorent le plus de décès dans des accidents de la route.
Selon la feuille de route du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, dont l'AFP a eu connaissance, le gouvernement veut "renforcer la qualité du système de sanctions". Sont notamment cités la vidéo-verbalisation (verbalisation par caméra), les kits de détection de l'usage de produits stupéfiants, la "refonte de la stratégie radars en ayant recours à des leurres" et la privatisation des contrôles radars.
D'autres pistes sont évoquées, comme une réflexion sur les règles de limitation de la vitesse ou la législation concernant les voitures autonomes (sans intervention humaine).
Un comité interministériel de la sécurité routière (CISR) doit se réunir avant la fin de l'année.
Sollicitée par l'AFP, la délégation à la sécurité et à la circulation routière n'a pas souhaité faire de commentaire.
Sécurité routière high tech
Après ces annonces, la présidente de la Ligue contre la violence routière espère surtout la mise en place de la réduction à 80 km/h sur certaines routes à double sens où la vitesse est aujourd'hui fixée à 90km/h. "Ca, ça serait un signe très fort de volonté politique". Elle aimerait également "que les juges statuent sur la mise en place d'éthylotests anti-démarrage et que soient interdits les avertisseurs de radars (type Coyote)".
Pierre Chasseray, de l'association 40 millions d'automobilistes, juge lui que "tout ce qui est privatisation de radars, décrets d'interdiction sur Coyote, c'est ringard". Il rappelle que pas moins de "81 mesures ont été mises en place depuis deux ans. On n'a pas besoin de mesures, on a besoin de passer à un autre modèle de sécurité routière", estime-t-il.
Il plaide notamment pour des investissements "dans les technologies innovantes, créer une sécurité routière 2.0, qui sauve des vies".
Anne Lavaud, déléguée générale de l'association Prévention routière réclame, elle, le droit à la déconnexion lors des trajets professionnels pour éviter l'usage du téléphone au volant et dénonce "le manque de pédagogie" dans "l'automatisation et l'industrialisation des sanctions".
"La génération des 20-30 ans est moins sensible aux consignes car elle n'a pas été marquée par les mesures qui ont fait tomber de 8.000 à 4.000 le nombre de morts sur les routes après 2002", juge de son côté Jacques Robin, expert en accidentologie.
En 2002, Jacques Chirac avait érigé la lutte contre l'insécurité routière au rang de "grande cause nationale" avec une mesure phare: l'installation des radars automatiques. Résultat: entre 2002 et 2003, le nombre de tués sur les routes baisse de 21%, passant de 7.242 à 5.731.
Selon M. Robin, les "distracteurs - téléphones portables, voyants toujours plus nombreux sur les tableaux de bord, applications comme Waze, GPS populaire en France - obligent à quitter la route des yeux pendant trois secondes. Les collisions frontales ont monté en flèche depuis deux ou trois ans".
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