"Certains militants sont dans la continuité de ce qu'on a fait l'année dernière contre la loi El Khomri", résume Patrice Clos, secrétaire général de FO Transports, qui va manifester la semaine prochaine.
En 2016, FO avait organisé 14 manifestations avec la CGT, Solidaires et FSU pour protester contre la loi travail. Mais elle n'a "rien obtenu", rappelle Yves Veyrier, membre de la direction de FO.
Si le troisième syndicat français se montre très critique envers la nouvelle réforme du code du travail, considérant "inacceptables" certaines de ses mesures, comme le niveau de plafonnement des indemnités prud'homales ou le droit à l'erreur reconnu à l'entreprise, la contestation dans la rue ne fait plus partie de ses options.
Cette fois, Jean-Claude Mailly, son secrétaire général, a préféré privilégier la concertation car, explique-t-il, le rapport de force "ne s'exerce pas publiquement" mais "dans les coulisses".
"On a obtenu plus aujourd'hui avec la concertation qu'après trois mois de mobilisation contre la loi travail", insiste M. Veyrier, mettant en avant "ce qui ne s'est pas vu": de nombreuses réunions informelles dans les cabinets ministériels, à Matignon et à l'Élysée. Selon FO, ces rencontres en haut lieu, dont certaines avec Emmanuel Macron, ont permis, entre autres, de maintenir le rôle de la branche, à laquelle le troisième syndicat français est très attaché.
'La base est en colère'
Mais au sein des militants, les avis divergent sur ce qui serait le plus efficace pour faire bouger une réforme dont ils ne veulent pas: manifester ou continuer de se concerter avec l'exécutif.
"Mailly a un mandat pour défendre le droit des salariés, pas pour aller à des réunions de concertation", s'agace Nadine Hourmant, secrétaire départementale de FO Finistère, réclamant que le secrétaire général rende dès maintenant son mandat, qui prend fin en 2018. Sa section départementale appelle à des rassemblements le 12 septembre à Brest, Quimper et Morlaix, car "la base est en colère et réclame une manifestation".
Fabrice Lerestif, son collègue d'Ile-et-Vilaine, va dans le même sens: la décision de la confédération de ne pas appeler à manifester plonge "une grande partie des militants dans la perplexité, parfois la colère", assure-t-il.
Deux fédérations FO de poids (Transports et Équipement) ont également décidé de s'associer à l'appel de la CGT pour dénoncer "l'agression contre les droits des salariés". Des unions départementales (UD), dont la Manche, l'Indre-et-Loire ou celles de la région Ile-de-France, vont aussi participer à cette mobilisation. Selon la direction, il y en aurait une dizaine -- sur 95 au total --, quand les responsables départementaux et des fédérations en évoquent une trentaine.
Des "grognons râleurs", selon M. Mailly, qui a expliqué la semaine dernière ne pas avoir envie "d'appeler les salariés à manifester une, deux, trois, quatre, cinq fois pour les envoyer dans le mur". Ses relations se sont également tendues avec son homologue de la CGT, Philippe Martinez, avec qui les rapports étaient cordiaux lors de la fronde contre la loi travail.
Pour expliquer la position de la confédération, certains militants évoquent "un calcul": la direction réserverait les appels à manifester pour la prochaine réforme imminente, celle de l'assurance chômage, qui inquiète sérieusement Jean-Claude Mailly. "ça risque d'être au moins aussi compliqué que le code du travail, voire plus. Là je n'exclus pas, si nécessaire, qu'on sera amené à mobiliser", a-t-i mis en garde.
"Réserver les forces pour l'assurance chômage? C'est une stratégie périlleuse. Il faut mener la première bataille avant de penser à la seconde", réagit M. Lerestif.
A contre-courant, la fédération FO de la grande distribution, autre structure importante, appelle "à ne pas manifester" le 12 septembre, se félicitant du fait que la confédération ait réussi, grâce à la concertation, à obtenir "certaines garanties" et "bloquer" de nombreuses dispositions.
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