Le président français Emmanuel Macron devrait assister à l'inauguration du musée, conçu par l'architecte Jean Nouvel sur l'île de Saadiyat, dans la capitale des Emirats arabes unis.
Des oeuvres d'art, des manuscrits et des objets allant de la naissance des civilisations jusqu'à nos jours permettront aux visiteurs de comprendre notamment les influences partagées entre les différentes cultures à travers l'histoire.
L'ouverture du musée a été retardée à plusieurs reprises en raison de problèmes de financement. Mais, cette fois, les choses semblent bouclées et une conférence de presse a été organisée mercredi à Abou Dhabi pour annoncer la date d'inauguration.
Ce musée est la "réponse conjointe" de Paris et d'Abou Dhabi à un moment où "la culture est attaquée", a déclaré à cette occasion la ministre française, de la Culture, Françoise Nyssen.
Le projet est né d'un accord inter-gouvernemental signé en 2007 entre Paris et Abou Dhabi.
D'une durée de 30 ans, il prévoit que la France apporte son expertise, prête des oeuvres d'art et organise des expositions temporaires contre un milliard d'euros. Sur ce total, la seule concession du nom du Louvre jusqu'en 2037 rapporte au musée parisien 400 millions d'euros.
La construction du musée --un contrat estimé initialement à 654 millions de dollars (582 millions d'euros)-- a été financée par Abou Dhabi en sus de l'accord de coopération.
"Ville-musée"
Jean Nouvel s'est inspiré de la culture architecturale arabe pour concevoir cette "ville-musée", recouverte en grande partie par un dôme de 180 mètres de diamètre, constellé d'étoiles par lesquelles traverse un "pluie de lumière".
Les espaces d'exposition intérieurs s'étendront sur 8.600 m2. Dans les 23 galeries permanentes seront exposées 600 oeuvres d'art, dont 300 prêtées par 13 musées français durant la première année d'ouverture.
Parmi les prêts figureront "La Belle Ferronnière" de Léonard de Vinci, qui vient du musée du Louvre, "Bonaparte franchissant les Alpes" de Jacques-Louis David (Versailles) et "Autoportrait" de Vincent Van Gogh (musée d'Orsay).
Mais la grande majorité des oeuvres relatera l'histoire ancienne des civilisations, des cultures et des religions, illustrée notamment par l'exposition d'un feuillet du Coran bleu, d'une Bible gothique et d'un Pentateuque, ainsi que des textes bouddhiques ou taoïstes.
Il s'agit avant tout d'envoyer "un message de tolérance", a déclaré à l'AFP Mohamed Khalifa Al Moubarak, président de l'Autorité du Tourisme et de la Culture d'Abou Dhabi.
A côté du Louvre, deux autres musées verront le jour sur l'île de Saadiyat (Guggenheim et Zayed), c'est dire l'importance que les autorités locales accordent au développement d'un tourisme culturel au coeur du Golfe, entre l'Asie et l'Europe.
Protection des oeuvres
Le lancement du projet du Louvre Abou Dhabi en 2007 avait été suivi par une controverse en France sur la "marchandisation" de la marque du musée parisien, mais les critiques s'étaient ensuite estompées.
"C'est exceptionnel. C'est la première fois qu'un tel projet est lancé au Moyen-Orient", a dit à l'AFP Manuel Rabaté, directeur français du Louvre Abou Dhabi en qualifiant le projet qui verra le jour dans deux mois de "complexe et ambitieux".
La question du transport, de la conservation et de la sécurité des chefs d'oeuvre a suscité des inquiétudes chez les spécialistes.
"Leur protection est vitale et nous nous sommes assurés d'avoir les systèmes" requis, a dit M. Moubarak en citant notamment le contrôle des températures et de l'humidité, alors que la chaleur extérieure excèdera 40 degrés pendant plusieurs mois l'été.
M. Moubarak a également cité la mobilisation de forces émiraties, en coordination avec des experts français, pour protéger le musée contre des attaques terroristes.
L'ouverture du musée du Louvre s'inscrit dans le cadre d'une stratégie de "soft power" des Emirats qui cherchent à gagner une visibilité et une influence mondiales avec également l'Exposition universelle qui sera organisée en 2020 à Dubaï.
Les Emirats rivalisent avec leur "frère ennemi" et voisin, le Qatar, qui s'est positionné sur le terrain sportif avec l'organisation du Mondial-2022 de football, l'acquisition du club Paris Saint-Germain et la chaîne TV BeIn Sports.
"Nous ne sommes pas une société fermée", a dit M. Moubarak. "Nous (Emiratis et Français) avons un objectif identique. Nous voulons expliquer au monde comment notre histoire est connectée (...). Quand le musée ouvrira, le monde en prendra conscience".
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