L'après-midi de mercredi sera consacré à une réflexion commune sur la stratégie et l'organisation du groupe, qui compte également quelques élus divers droite. La réunion de travail du lendemain portera sur l'agenda parlementaire de fin d'année: ordonnances, loi contre le terrorisme, budget.
Quelle peut être la place de ce groupe, aux côtés de celui des macronistes de La République en marche, mastodonte de plus de 300 élus, et face à la centaine de députés LR dont le parti, au bord de "l'implosion" au début de l'été selon certains constructifs, semble reprendre des couleurs à l'approche de l'élection de son futur président, en décembre ?
Initiateur du groupe décidé à "travailler de façon constructive, libre et responsable avec le gouvernement", comme l'indique sa déclaration à l'Assemblée, Thierry Solère évoque la création d'un nouveau parti politique, de centre droit, qui occuperait "l'espace politique considérable" entre la REM et LR.
Très critique envers le "populisme effrayant" de son parti d'origine, le député des Hauts-de-Seine, ex-bras droit de Bruno Le Maire à la primaire de la droite, dénonce "l'évolution prise par LR" vers "un petit parti franco-français qui fait des clins d'oeil de plus en plus forts au Front national".
Franck Riester, co-président des Constructifs, abonde dans le même sens. A Trouville, les élus vont discuter de "la refondation de la droite. Nous voulons initier un mouvement, pro-européen, ouvert", loin du parti "souverainiste et identitaire" prôné selon lui par Laurent Wauquiez, favori de l'élection à la présidence de LR.
"Que Solère et Riester, orphelins de LR, soient enclins à parler d'un nouveau parti, c'est normal. Mais prudence!", s'exclame un des élus UDI. "Trouville n'est pas le lieu pour en discuter", prévient le même. "Entre les déclarations de Solère et la vraie vie, il y a une différence".
'Pas de vision consensuelle'
"Je ne vois pas Les Républicains imploser: ni Xavier Bertrand ni Valérie Pécresse ne veulent quitter LR et Wauquiez a bien joué en s'alliant avec Virginie Calmels", l'adjointe d'Alain Juppé à Bordeaux. Autre facteur, selon ce responsable centriste, qui va jouer en faveur de LR: les élections sénatoriales du 24 septembre, "qui devraient lui être favorables, les grands électeurs étant majoritairement de droite".
Selon l'UDI Yves Jégo, "il n'y a pas de vision consensuelle pour une structure regroupant les 35 députés constructifs". A ses yeux, "la chose la plus claire qui soit aujourd'hui", c'est la fusion programmée en décembre entre radicaux valoisiens et radicaux de gauche.
Pour le reste, "je suis dubitatif. Créer un nouveau parti, très bien mais avec qui ? Et sans leader affirmé ! Je ne pense pas que le président Macron veuille une nouvelle offre politique, aux côtés d'En marche et du MoDem", ajoute M. Jégo.
Les constructifs LR pourraient également décider à Trouville de quitter ou non un parti sur lequel "les ultra-conservateurs ont fait main basse", selon eux.
La direction de LR, qui avait songé à les exclure (ainsi que les quatre ministres de droite, dont le chef du gouvernement Edouard Philippe), affirme aujourd'hui être "de moins en moins pressée de le faire".
"Pourquoi se précipiter? Ils ne sont même pas les supplétifs de la REM à l'Assemblée, où presque tous leurs amendements ont été rejetés" début août. "Les constructifs existent surtout médiatiquement à travers leurs attaques contre notre mouvement", a lâché Bernard Accoyer, secrétaire général de LR, samedi dans Le Figaro.
Le séminaire de Trouville, qui sera suivi, fin septembre, de journées parlementaires à Nice, sera peut-être l'occasion de le faire mentir.
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