"J'ai décidé d'engager le processus d'armement de nos drones de renseignement et de surveillance", a déclaré la ministre des Armées, Florence Parly, devant un parterre de militaires et de parlementaires à l'Université d'été de la Défense à Toulon (sud-est).
Les six drones de surveillance de fabrication américaine Reaper que l'armée française recevra en 2019 devraient être ainsi équipés d'un armement, en attendant la mise en service d'un drone MALE européen conçu avec l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne à l'horizon 2025, a-t-on précisé dans son entourage.
Les États-Unis et Israël ont été précurseurs dans ce domaine. En Europe, le Royaume-Uni aussi dispose de dix drones Reaper armés et l'Italie va armer ses neuf Predator et six Reaper américains. L'Allemagne a annoncé pour sa part son intention de louer des drones armés israéliens Heron à partir de 2018.
Le Moyen-Orient connaît aussi "une véritable prolifération des drones armés", qui seraient utilisés par l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l'Irak, l'Iran, le Pakistan et la Turquie, selon un rapport des sénateurs français Cédric Perrin et Gilbert Roger rendu public en mai. D'autres pays en sont équipés ou envisagent de le faire, de la Chine à l'Asie centrale.
"Il s'agit d'une capacité clé du combat de demain, comme l'ont été, à leur époque, le blindé ou l'avion. La France ne saurait passer à côté sous peine de se voir déclassée", a insisté Florence Parly.
Ces drones feront "peser une menace permanente sur les groupes armés terroristes", en particulier au Sahel, grâce à leur discrétion - ils sont quasiment indétectables à l'oeil nu - et leur grande autonomie - jusqu'à 24 heures de vol -, souligne-t-on au ministère des Armées.
Si une cible est repérée, ils pourront être engagés beaucoup plus rapidement qu'un avion pour la "neutraliser". Les armées françaises gagneront ainsi en "efficacité" et "limiteront le risque de dégâts collatéraux", a relevé la ministre.
Pas des "robots tueurs"
Anticipant "les craintes" que ces armes pilotées à distance suscitent, Florence Parly a insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas de "robots tueurs" et qu'ils seraient utilisés avec les mêmes règles d'engagement que les armes actuelles.
"Qu'il s'agisse d'un canon Caesar, d'un missile de croisière, d'un Rafale, si l'opérateur est physiquement éloigné de l'objectif, l'homme n'en est pas moins au coeur de l'engagement du feu. Il en ira de même pour les drones", a-t-elle souligné.
Au Sahel, les pilotes de drones français sont en outre présents sur le théâtre d'opérations, en l'occurrence à Niamey, la capitale du Niger, et non pas en France.
Selon leurs détracteurs, les drones armés "déshumanisent" la guerre, avec des pilotes qui agissent à distance et des "assassinats ciblés" contestables d'un point de vue éthique et juridique.
La France va devoir obtenir l'accord du Congrès américain pour pouvoir disposer de versions armées de ses Reaper, ce qui pourrait prendre un an, pense-t-on de source française.
Les Reaper français pourraient être équipés de missiles HELL FIRE américains - option la "plus simple et la plus rapide" - ou de munitions européennes, ajoute-t-on de même source.
La France possède actuellement six Reaper - cinq basés à Niamey pour les opérations de surveillance des jihadistes au Sahel et un à Cognac (sud-ouest) - qui pourraient être également armés à l'horizon 2020.
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