Pour les sympathisants de cette famille palestinienne, il s'agit d'un nouvel exemple de la judaïsation à Jérusalem-Est, annexée et occupée, et il ne fait aucun doute que dans ce cas précis ils cèdent la place à des colons juifs.
Une fois l'expulsion menée à bien, quelques hommes juifs sont entrés dans la maison sous la protection de policiers, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le sort des Shamasneh a retenu l'attention des ONG hostiles à la colonisation et des diplomates attentifs à la situation de Jérusalem-Est, l'une des questions les plus épineuses du conflit israélo-palestinien. L'Union européenne, les Nations unies, la France ont critiqué cette éviction annoncée.
Les policiers israéliens se sont présentés vers 05H00 à la porte de la petite maison de quelques dizaines de mètres carrés dans laquelle vivaient Fahmiyeh Shamasneh, 75 ans, son mari malade de 84 ans, leur fils et sa famille, et les ont forcés à partir, ont raconté les parents, assis dans la rue après leur éviction.
"Y a-t-il une plus grande injustice que celle-ci"?, a réagi Mme Shamasneh. Elle et les siens n'ont nulle part où aller, a-t-elle dit. "On va peut-être dormir dans la rue".
Les Shamasneh ont été expulsés en vertu d'une décision de la justice israélienne, tranchant une bataille de plusieurs années avec l'administration et des juifs affirmant être les héritiers des anciens propriétaires.
Israël proclame l'ensemble de Jérusalem comme sa capitale indivisible. La communauté internationale ne reconnaît pas l'annexion et considère la colonisation des territoires occupés, illégale au regard du droit international, comme un obstacle à la paix.
Les Palestiniens veulent, eux, faire de Jérusalem-Est la capitale de l'Etat auquel ils aspirent.
Les Shamasneh avaient emménagé en 1964. La maison appartenait avant 1948 à des juifs. Ces derniers, comme des milliers d'autres, ont fui quand les Jordaniens se sont emparés de Jérusalem-Est lors de la première guerre israélo-arabe qui, au même moment et ailleurs, jetait sur les routes des centaines de milliers de Palestiniens.
'Dangereuse tendance'
Avec la conquête de Jérusalem-Est par Israël en 1967, les Shamasneh et les locataires palestiniens dans la même situation sont passés sous l'autorité d'un organisme israélien.
A partir de 2009, cet organisme s'est employé à les faire expulser, de concert avec les héritiers des ex-propriétaires juifs et le concours d'un avocat connu pour ses liens avec les organisations de colons, selon l'organisation israélienne de gauche La Paix maintenant.
Une loi israélienne permet aux juifs qui justifient de leurs droits sur des propriétés à Jérusalem-Est avant 1948 de les récupérer. Cette loi n'a pas d'équivalent pour les Palestiniens ayant fui leurs terres.
En 2013, les juges israéliens ont tranché que les Shamasneh devaient partir.
Entre-temps, les héritiers de la maison ont vendu leurs biens à une société basée aux Etats-Unis, dit La Paix maintenant, procédé courant selon elle pour brouiller les cartes.
Les autorités ont récemment notifié aux Shamasneh qu'ils devaient partir.
Leur éviction est la première depuis 2009 dans le quartier de Cheikh Jarrah, stratégiquement situé près de la Vieille ville, assure Ir Amim, autre organisation israélienne qui les soutient.
Après des années de gel des expulsions, celle-ci coïncide avec la promotion de quatre projets de colonisation dans le quartier, selon elle.
De quelques centaines en 1967, les juifs sont désormais environ 195.000 sur une population de 450.000 personnes à Jérusalem-Est.
"Les colons, soutenus par le gouvernement, se servent d'une loi discriminatoire pour modifier le statu quo et israéliser les quartiers palestiniens de Jérusalem", a réagi La Paix maintenant. L'éviction "brutale" des Shamasneh trahit "une dangereuse tendance" compliquant encore un éventuel compromis sur Jérusalem dans le cadre d'un règlement du conflit, a-t-elle dit.
L'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a dit qu'elle allait tenter d'aider financièrement les Shamasneh à trouver un autre logement. Le chef des opérations de l'UNRWA en Cisjordanie Scott Anderson a estimé à l'AFP que ce "genre d'expulsion rend difficile la réalisation de la paix" entre Palestiniens et Israéliens.
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