Q: Comment avez-vous rejoint les manifestations de l'opposition?
R: "Lorsqu'Armando Cañizales (jeune manifestant violoniste également, ndlr) a été tué (le 3 mai, ndlr), j'ai ressenti une grande impuissance et je suis allé jouer du violon à son enterrement."
Q: Le gouvernement vous accuse d'inciter à la violence, que répondez-vous?
R: "Je n'ai jamais appelé à la violence, tout ce que j'ai fait c'est parce que je veux un pays meilleur. J'ai passé beaucoup de temps dans la rue et je sais quels sont les besoins."
Q: Après tant de morts pendant ces rassemblements, trouvez-vous que cela en valait la peine?
R: "J'ai été arrêté et les gens étaient dans la rue. Quand je suis arrivé en prison, les autres jeunes qui étaient là, enfermés depuis des mois et des années, trouvaient ça incroyable d'être abandonnés de cette manière. En sortant, la rue était complètement vide, les gens marchaient comme si de rien n'était, ce fut un sacré coup. Cela m'a rendu très triste et je me suis senti perdu. Tous les jours, je vais dans la rue même si j'ai l'interdiction (par la justice, ndlr) de jouer du violon en public. Je n'arrive pas accepter que la rue se soit éteinte".
Q: Que pensez-vous de l'arrêt des manifestations?
R: "A ceux qui restent en prison, je n'ai pas encore eu le courage de dire qu'il n'y avait plus personne dans la rue. Je ne voudrais pas, lorsqu'ils sortiront, qu'ils retrouvent la même réalité que moi, car cela fait très mal."
Q: Avez-vous été contacté par les dirigeants de l'opposition?
R: "Non, je n'ai reçu aucun appel. J'ai voulu en rencontrer certains, mais ils semblent être très occupés".
Q: Quand avez-vous commencé la musique?
R: "J'ai toujours aimé la musique. J'ai rejoint une église (pentecôtiste, ndlr) avec ma famille lorsque j'avais neuf ans. Là-bas, il y avait un clavier et je jouais avec un seul doigt. On m'a retiré de l'école car, d'après cette religion, la fin du monde était proche et il était inutile d'étudier. L'église s'appelle +Tabernacle de la restauration+. Il est interdit de porter des jeans, d'avoir des téléphones portables ou une télévision. Mon père était un des plus fanatiques, mais on nous a expulsés lorsqu'il a reçu un sms qui disait +mon amour+ d'une des +soeurs+ de l'église et ce fut considéré comme un adultère. Ma mère a été admise dans un hôpital psychiatrique."
Q: Comment êtes-vous arrivé à Caracas?
R: "Mon père a réussi à monter une petite ferme à Valencia (centre), d'où je suis originaire. Mais comme on m'interdisait de jouer du violon, je suis parti à Caracas en 2015. Je jouais dans la rue et dans le métro. J'ai passé une audition pour l'Orchestre symphonique juvénile de Caracas et j'ai été sélectionné. Je suis devenu accro au violon. J'ai voyagé avec l'orchestre en Europe.
Deux ans après mon arrivée à Caracas, les problèmes politiques ont commencé dans l'orchestre. On obligeait les musiciens à jouer dans des évènements où intervenait (le président Nicolas) Maduro. J'ai commencé à voir qu'il y avait beaucoup de faux-semblants, car tout le monde disait du mal de Maduro durant les répétitions mais souriait dès qu'il saluait l'orchestre."
Q: Est-ce votre départ de l'orchestre qui vous a forcé à retourner jouer dans la rue?
R: "Je n'ai jamais abandonné la rue. Quand j'étais dans l'orchestre, je jouais dans le métro en y allant et, comme ça, j'avais de l'argent pour manger quelque chose. En jouant dans le métro, je gagnais en un jour autant qu'en un mois dans l'orchestre."
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