“Brit Air 724 Tango Charlie, je m’aligne sur la 13.” Les mots parviennent à la tour de contrôle. C’est du mirador vitré d’une dizaine de mètres de haut que le personnel de l’aéroport de Caen-Carpiquet opère un premier contact avec l’avion en approche, et s’assure de la sécurité de la manœuvre. Huit “chefs d’orchestre” se relayent tous les jours de la semaine dans cette grande cabine panoramique bardée d’écrans d’informations. Ils y guident les appareils roulant sur la piste ou en l’air, du biplace au Boeing 747, et s’assurent de la bonne coordination de tous les avions manoeuvrant sur les différentes pistes.
Et le travail ne manque pas : pour le seul mois de septembre 2011, 1800 “mouvements” (décollages ou atterrissages) ont été recensés sur le tarmac de l’aéroport de Caen, premier aéroport de Normandie en nombre de passagers embarqués sur les lignes régulières. Parmi ceux-ci, 262 étaient effectués par des vols commerciaux.
“L’aéroport rouvre pour le stade Malherbe”
Après trois années de chute du nombre de passagers, la fréquentation reprend et le seuil symbolique de 100 000 passagers commerciaux devrait être de nouveau atteint avant la fin de l’année. Ce chiffre ne représente qu’une partie de l’activité de l’aéroport, qui reçoit aussi des vols militaires ou sanitaires comme de nombreux avions privés.
A leur atterrissage, c’est le Bureau des opérations qui les prend en charge pour répondre à toutes leurs demandes. “Nous sommes ouverts en permanence, mais la tour de contrôle ferme à horaires fixes. Quand c’est le cas, seuls les vols privés peuvent atterrir. On peut la rouvrir moyennant un préavis de 72 heures pour répondre à un transfert de greffe d’organes ou quand l’équipe du stade Malherbe est en déplacement”, précise Maryline Haize-Hagron, directeur de l’aéroport.
Pompiers polyvalents
Alignés le long du “taxiway”, espace délimité de circulation des appareils, plusieurs hangars accueillent les appareils de deux aéroclubs et d’une école de pilotage d’ULM. C’est ici que les passionnés de vol exercent leur art. Un autre hangar abrite les services de secours, toujours prêts à réagir. “On dit qu’il y a un crash d’avion tous les quarante ans de carrière”, annonce l’un des quinze pompiers aéronautiques en service. “Notre métier ne s’arrête pas aux seules interventions de secours : on s’assure que les pistes sont bien dégagées, on effarouche les oiseaux, on dégivre les avions l’hiver, on fait le ménage à bord des appareils !”
A quelques mètres des soldats du feu, un autre hangar de 1 380 m2 a été installé en 2004 à la demande de la compagnie Chalair, qui y assure la maintenance de ses avions effectuant la liaison Caen-Paris Orly. Elle permet, avec l’autre compagnie Britair qui relie Caen à Lyon, de desservir quarante destinations depuis l’aéroport de Caen. Alors que les liaisons saisonnières viennent de clore leur exercice 2011, le bilan est positif. “Notre taux de remplissage a été bon. Caen-Carpiquet tient son rôle de service public : il apporte du passage à Caen”, conclut Maryline Haize-Hagron.
Mais pourquoi délaissent-ils Caen ?
Malgré son succès, l’aéroport de Caen, comme celui du Havre, est remis en question. Les deux conseils régionaux normands leur préfèrent Deauville, spécialisé dans les vols charters internationaux et qui pourrait désormais devenir le seul à bénéficier des efforts financiers de ces institutions. Leurs présidents avancent l’évolution importante du nombre de passagers enregistrés à l’aéroport depuis quelques années : un chiffre multiplié par deux en cinq ans.
La fréquentation s’est établie à 126 000 passagers en 2010. Alain Le Vern et Laurent Beauvais entendent ainsi ouvrir de nouvelles liaisons régulières vers Marseille ou Toulouse notamment. Et condamner l’aéroport de Caen à ne plus pouvoir se développer. “Deauville et Caen ont des fonctionnalités très différentes”, plaide le directeur de l’aéroport caennais, “nous avons une légitimité économique.” Qu’importe, Deauville devrait devenir “l’aéroport de Normandie”.
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