"Oui, cela a été possible! Nous remercions toutes celles et tous ceux qui ont résolument appuyé les efforts pour parvenir à ce #CeseAlFuegoBilateral (Cessez-le-feu bilatéral)", a tweeté la délégation de l'Armée de libération nationale (ELN, guévariste) depuis Quito (Equateur), où se tiennent les négociations.
Cette annonce est intervenue peu avant une visite du pape François, l'un des promoteurs du processus de paix colombien attendu à Bogota mercredi.
Le cessez-le-feu sera effectif à partir d'octobre pour une durée renouvelable d'un peu plus de trois mois, a déclaré dans la foulée le président Juan Manuel Santos, qui entend parvenir à une "paix complète" après l'accord historique signé il y neuf mois avec la guérilla des Farc, aujourd'hui désarmée et reconvertie en parti politique légal.
L'arrêt des hostilités "entrera en vigueur le 1er octobre prochain. Il aura une durée initiale de 102 jours, c'est-à-dire jusqu'au 12 janvier prochain, et se renouvellera dans la mesure où il sera respecté, et si les négociations avancent sur les autres points", a précisé le chef de l'Etat dans une allocution télévisée depuis le palais présidentiel Casa de Nariño à Bogota.
Il a ajouté que "durant cette période cesseront les enlèvements, les attentats contre les oléoducs et autres hostilités contre la population civile" de la part de l'ELN, guérilla inspirée de la révolution cubaine et des idées du Che Guevara.
Préalable à la visite du pape
L'annonce du cessez-le-feu intervient peu avant la visite du pape François. Il est attendu avec un message de réconciliation pour ce pays déchiré par plus de cinq décennies d'une guerre fratricide, qui a fait quelque huit millions de victimes entre morts, disparus et déplacés.
L'ELN a réaffirmé sur un autre compte Twitter que la visite pontificale, prévue jusqu'au 10 septembre, "devait être une motivation supplémentaire pour accélérer la recherche d'accords, qui sont principalement destinés aux communautés qui souffrent des lamentables conséquences du conflit".
"Nous sommes prêts à le recevoir, les bras et le coeur ouverts à son message de réconciliation", a pour sa part ajouté M. Santos, assurant que le pape visitera "une nouvelle Colombie, une Colombie différente (...) qui a eu la capacité de surmonter les haines et les peurs pour terminer le conflit armé".
Le cessez-le-feu a été conclu dans le cadre du 3e cycle des négociations de paix menées entre le gouvernement colombien et l'ELN, depuis le 7 février dans la capitale de l'Equateur voisin.
Le gouvernement exigeait de cette guérilla, issue en 1964 d'une insurrection paysanne et qui compte encore quelque 1.500 combattants selon les autorités, qu'elle renonce aux enlèvements, aux attentats contre les infrastructures pétrolières, aux mines anti-personnel et au recrutement de mineurs.
Objectif: la paix complète
Mais la clôture du cycle, à l'origine prévue vendredi, avait été reportée deux fois, à samedi, puis à lundi, alors que deux attentats à l'explosif étaient attribués la semaine dernière à l'ELN par les autorités.
L'un contre une patrouille fluviale dans l'Arauca (est) a blessé trois militaires et a fait un disparu. L'autre, contre l'un des principaux oléoducs de Colombie, dans ce même département frontalier du Venezuela, a provoqué une fuite de pétrole et la pollution de deux rivières, obligeant à suspendre le pompage du brut.
L'ELN attendait pour sa part un engagement du gouvernement à assurer la sécurité des leaders d'associations et des défenseurs des droits humains, dont au moins 186 ont été assassinés entre janvier 2016 et juillet dernier, selon le Défenseur du Peuple (l'institution de défense des droits des citoyens en Colombie), la plupart par d'ex-paramilitaires d'extrême droite officiellement démobilisés il y a une dizaine d'années.
Lundi, la guérilla a affirmé qu'"une fois passés les jours de fête qui accompagnent la présence de François en Colombie, nous resterons déterminés à progresser vers une désescalade du conflit, jusqu'à ce que la Paix complète soit une réalité".
Après quatre ans de pourparlers menés à Cuba, Juan Manuel Santos a signé en novembre un accord de paix historique avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie, qui furent la plus puissante guérilla du pays et ont lancé vendredi leur parti, Force alternative révolutionnaire commune, en gardant le même acronyme Farc.
Le conflit colombien a, au fil des décennies, impliqué une trentaine de guérillas de gauche, des milices paramilitaires démobilisées en 2006 et les forces de l'ordre, faisant au moins 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et environ sept millions de déplacés internes.
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