Perché à plus de trois mètres du sol, ce conducteur de grue de 40 ans a conduit son camion, baptisé Old Habits, dans les eaux en crue du Texas et a transporté en lieux sûrs des dizaines de personnes des quartiers inondés de la ville de Port Arthur, sur la côte texane.
Plus encombrants que les bateaux, mais plus maniables et à l'aise aussi bien sur les routes inondées que dans la boue, ces camions monstres emblématiques de l'Amérique profonde ont fait figure de division blindée dans l'armée de volontaires qui ont prêté main forte aux services d'urgence.
"Des gens nous ont serré dans leurs bras, d'autres voulaient nous payer. Nous ne prenons pas d'argent", dit Zub tout en faisant le plein dans une station-service avant de retourner dans la zone des inondations.
Ces opérations de sauvetage ont laissé des traces sur son monstre mécanique. Il estime avoir pour 500 dollars de réparations, sans compter les centaines de litres d'essence.
"Mais les accolades, les baisers et voir un homme fondre en larmes quand on vient le sauver, ça en vaut la peine", dit-il.
Des conducteurs de "mega trucks" sont venus de tout le Texas et même depuis l'Illinois, dans le nord des Etats-Unis, pour se joindre aux secours.
"Ça va?", lance Candace Sammons, l'un des deux partenaires de Zub, à un homme devant sa maison. L'homme demande des vivres. Candace tire un pack de bouteilles d'eau sur le toit du camion.
Zub, dont les bras sont couverts de tatouages, estime qu'il a sauvé plus de 45 personnes, six chiens, "et un chat très affamé" au cours des derniers jours.
Certains quartiers de Port Arthur étaient encore sous près de 1,5 mètre d'eau vendredi, mais Old Habits peut traverser jusqu'à 2,5 mètres sans problème.
Un par un, des résidents qui avaient jusqu'ici refusé de quitter leur maison grimpent maladroitement sur les énormes pneus et trouvent place dans la cabine de ce qui était auparavant un Chevrolet Suburban modèle 1998 avant sa transformation.
Pas une 'joyeuse virée'
"J'avais peu de nourriture, pas d'eau", dit Charles alors qu'on l'aide à monter dans le véhicule. Quinze minutes plus tard, il retrouve sa mère, qui trépigne de joie à la vue de Old Habits émergeant des eaux avec Charles sur le siège avant.
"Dieu merci!", s'exclame-t-elle. "Pas d'argent", dit Candace, rejetant d'un geste de la main le billet de 20 dollars tendu par Charles. "Tout le monde est dans le même bateau".
Parmi les sinistrés d'Harvey, William Isadore, 49 ans, que Zub fait monter au pied de son immeuble inondé. "Tout est détruit", murmure-t-il, après s'être laissé tomber, épuisé, dans le siège arrière. Cela lui prend un moment pour réaliser quel véhicule vient de le sauver.
"Ce sont des gens biens qui essaient d'aider", dit-il en regardant Zub. "Ils sont une bénédiction."
Zub Ferrell connaît la douleur de perdre son domicile. Sa propre maison a été sérieusement endommagée par l'ouragan Ike en 2008 et il se souvient des généreuses donations de ses voisins et de l'aide des autorités.
Quand Harvey a frappé sa ville natale, il n'a pas hésité à rendre la pareille. Il a chargé son camion avec de l'eau et de la nourriture.
Zub souligne l'importance du travail de sauvetage dans une catastrophe naturelle comme celle-ci, responsable d'au moins 42 morts.
"Nous ne sommes pas là pour faire une joyeuse virée, nous essayons de sauver des gens", dit-il. "Nous faisons ce que nous pouvons dans une situation terrible".
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