Pour toute une nouvelle génération de visiteurs de l'Empire du Milieu, fini les visites de Paris en tour-opérateur ou les amoncellements de sacs des grandes marques de luxe françaises...
Ils prennent le métro ou chevauchent des Vélib', parlent anglais et sont agrippés à leur téléphone portable.
Certes des autocars patientent toujours près des grands magasins dans le IXe arrondissement de Paris, mais les touristes chinois, plus jeunes en moyenne que les autres visiteurs internationaux (32 ans au lieu de 39), recherchent souvent des expériences moins traditionnelles que celles prisées par leurs aînés.
"Ce sont souvent des jeunes cadres dynamiques, la classe moyenne voire l'élite chinoise qui vient passer quelques jours en France en famille ou entre amis", explique Li Lacampagne.
Cette ancienne diplomate a fondé une application qui les aide à choisir les magasins parisiens correspondant à leurs goûts, "AiShopping". En chinois, "Ai" signifie aimer. Avec un slogan ciblant cette nouvelle clientèle: "Faire du shopping comme de vrais Parisiens".
"Ils ne cherchent plus seulement à acheter des grandes marques françaises, ils veulent aussi des produits qu'on ne peut pas trouver en Chine", poursuit la cheffe d'entreprise.
Une fois visités les principaux monuments, ces visiteurs se détournent des Champs-Elysées et de l'avenue Montaigne, pour privilégier le centre de Paris.
"J'ai découvert le Marais quand j'étudiais en Italie, des amis m'y ont amenée. J'apprécie l'ambiance, ça colle vraiment à l'image que l'on a de la France en Chine", affirme Xia, une trentenaire accompagnée de sa mère, pour qui c'est le premier voyage sur le Vieux Continent.
Toutes deux sortent d'une boutique Comptoir des Cotonniers, une enseigne prisée des visiteurs chinois.
"Ils sont à la recherche d'authenticité, de made in France. Ils cherchent des marques confidentielles. Sandro ou Maje par exemple sont déjà implantés en Chine, contrairement à Comptoir des Cotonniers", détaille Li Lacampagne.
"Ils sont à la recherche d'une expérience touristique", abonde Guillaume de Roquefeuil, directeur d'Europass, une billetterie en ligne destinée aux voyageurs individuels chinois.
Aubaine pour les professionnels, la nouvelle clientèle a la fièvre acheteuse, elle dépense plus que les quelque 200 euros déboursés chaque jour en moyenne par le touriste chinois traditionnel.
Des habitudes à connaître
Pour l'attirer, mieux vaut connaître ses habitudes - et ses points de rendez-vous en ligne.
"Ils sont ultraconnectés, bien plus que les Français, ils ont grandi avec internet et les réseaux sociaux", rappelle Li Lacampagne.
En Chine où Facebook, Twitter et Instagram sont interdits, le roi du secteur s'appelle WeChat: "c'est impossible en France d'imaginer le taux de dépendance des Chinois à WeChat", affirme Guillaume de Roquefeuil, dont la société privilégie ce réseau social, développé par le géant Tencent, qui offre notamment un système de paiement mobile, une habitude pour les Chinois.
Le magasin Le Printemps, très prisé des touristes chinois, a installé quant à lui un terminal de paiement mobile développé par l'autre géant chinois du numérique, Alibaba, utilisé par 520 millions de Chinois.
Mais en France, "on est encore loin du compte en la matière", concède à l'AFP Othman Nasrou, vice-président chargé du tourisme à la région Ile-de-France, qui a lancé dès 2015 un compte WeChat.
Pourtant, le paiement mobile pourrait rassurer les touristes chinois, combattre la délinquance qui les touche, et finir de les rassurer, estime-t-il.
Les touristes chinois, réputés voyager avec d'importantes sommes en liquide, sont en effet depuis des années la cible d'agressions. En août 2016, l'agression de touristes chinois détroussés devant leur hôtel à Gonesse avait été très médiatisée.
Depuis, les autorités ont débloqué des dizaines de millions d'euros pour soutenir le tourisme, en visant notamment la sécurité.
D'après le comité régional du tourisme, à peine plus de la moitié (54%) des touristes chinois, qui représentent le troisième plus gros contingent de visiteurs étrangers (derrière les Britanniques et les Américains) ont l'intention de revenir à Paris dans les deux ans, contre une moyenne de 71% pour les autres nationalités.
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