"Il y a une méconnaissance des toits, car personne ne voit ce qu'il s'y passe. Pourtant, ils participent à l'éclat de Paris", explique Gilles Mermet, photographe et auteur du livre "Les toits de Paris ou l'art des couvreurs".
A Paris, 500 couvreurs-plombiers arpentent les toits, partie intégrante du paysage urbain. La profession reste néanmoins très fragile, car "les jeunes ne veulent plus faire ce métier", estime M. Mermet.
Alors, pour la "préserver", le syndicat des entreprises de génie climatique et de couverture plomberie (GCCP), aidé par ce photographe passionné, souhaite inscrire les couvreurs-zingueurs au patrimoine mondial immatériel de l'Unesco.
"Une première étape a été franchie en juin, car le savoir-faire du couvreur-zingueur parisien a été inscrit à l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel français", explique Delphine Bürkli, maire du IXe arrondissement, qui soutient vigoureusement le projet.
Une forêt métallique, apparue sous Haussmann
Actuellement, 80% des toits parisiens sont recouverts de zinc, une matière qu'il faut renouveler tous les 50 ans. "C'est un chantier permanent", affirme M. Mermet, car "il faut les rénover et les aménager énergétiquement".
Réfection de toits en forme de dôme, d'oeils-de-boeuf ou de mansardes... depuis le XIXe siècle, les couvreurs mènent à bien des chantiers très techniques, harnachés au-dessus du vide ou juchés sur des échelles de caoutchouc.
"Notre métier reste traditionnel, même s'il y a de plus en plus d'équipements pour que les compagnons travaillent dans de bonnes conditions", relève Mériadec Aulanier, délégué du syndicat GCCP.
La profession est apparue en 1817 à Paris. Mais elle s'est surtout développée entre 1855 et 1870, quand le baron Haussmann a construit plus de 30.000 immeubles.
Car tous les "haussmanniens" sont recouverts de zinc, un matériau peu cher et facile à installer. C'est ainsi que, peu à peu, une forêt métallique a recouvert Paris de gris, rendant largement visible, depuis le ciel, la transformation de la capitale par Napoléon III.
Le zinc a aussi permis aux architectes d'utiliser peu de charpentes, laissant plus d'espace pour vivre. Sont alors apparues les chambres sous les toits, elles aussi typiques de Paris.
Ces toits au charme désuet sont ensuite devenus un des symboles de la capitale, immortalisés par la photographie, la peinture ou le cinéma. C'est là, par exemple, qu'Henri Verneuil situe la course-poursuite de Jean-Paul Belmondo dans "Peur sur la ville" (1975). Tandis que sur l'affiche de "Paris nous appartient", de Jacques Rivette (1958), Giani Esposito arpente le toit du Théâtre de la Ville.
Ne pas mettre Paris 'dans le formol'
À terme, le comité de soutien souhaite d'ailleurs que les toits eux-mêmes soient reconnus par l'Unesco, cette fois par une inscription au patrimoine matériel mondial : "les toits de Paris ont une valeur universelle", souligne Mme Bürkli.
Mais la démarche est plus compliquée et, surtout, il reste à convaincre Anne Hidalgo, fervente défenseure de la végétalisation des toits.
En février 2015, la maire PS de Paris avait ainsi affirmé ne pas vouloir "que ce classement nous empêche de faire la transformation écologique" des toits, par leur végétalisation, ajoutant "ne pas vouloir mettre Paris dans le formol".
Si la mairie reste aujourd'hui "attentive à cette initiative" de Mme Bürkli, elle fait donc "part de ses réserves sur cette démarche, qui ne semble pas susceptible d'aboutir, au regard des critères établis par l'Unesco pour inscrire un bien au patrimoine mondial", a-t-elle expliqué à l'AFP.
À Paris, seules les berges de Seine, entre le pont de Sully et le pont d'Iéna, sont pour le moment classées au patrimoine mondial de l'Unesco, depuis 1991.
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