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Macron entend "l'impatience du peuple" mais demande à être jugé sur la durée

En chute dans les sondages après trois mois à l'Elysée, Emmanuel Macron reconnaît, dans la première grande interview de sa présidence, "l'impatience du peuple" mais assume les efforts demandés et veut être jugé sur la durée, promettant une transformation profonde du pays.

Macron entend "l'impatience du peuple" mais demande à être jugé sur la durée
Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors d'une réunion avec des dirigeants européens et africains à l'Elysée, le 28 août 2017 - ludovic MARIN [AFP]

Sur plus de 20 pages, il détaille dans l'hebdomadaire Le Point à paraître jeudi ses vastes ambitions pour refaire de la France une "grande puissance" internationale tout en réalisant des réformes de grande ampleur sur tous les fronts - éducation, code du travail, aides sociales, fiscalité, logement, sécurité.

Une ambition assumée, qu'il voudrait insuffler au pays pour qu'il "redevienne un pays fier" et "sorte de l'esprit de défaite".

"Je crois en la reconstruction d'un héroïsme politique, d'une vraie ambition, pour atteindre y compris ce qui est décrit comme impossible", dit-il, citant son propre succès comme une revanche sur "ce qui est décrété impossible".

Pas question de juger son action sur cent jours, qui "ne sont pas une étape pertinente", dit-il, car "on ne fait pas les choses en cent jours".

Mais Emmanuel Macron sait qu'il devra "vivre pendant des mois avec l'impatience du peuple" Il n'oublie pas les circonstances dans lesquelles il a été élu, "la brûlure de l'attente, de la colère, du populisme, je l'ai encore là", confie-t-il en désignant sa nuque.

Dans cet entretien-fleuve, il défend toutes les décisions prises depuis son investiture. A commencer par la réforme en cours du code du travail présentée jeudi, qui vise à faire baisser le chômage de masse, mais aussi la diminution controversée des aides au logement, où il veut même aller plus loin, dans le cadre d'une réforme plus vaste.

Il répond aussi sur le gel des crédits pour l'armée et la démission du général Pierre de Villiers, ce qui pour lui illustre la primeur normale du politique sur l'armée, et dit assumer totalement la phrase "je suis votre chef", qu'il avait lancée aux responsable militaires à la veille du 14 juillet.

Le chef des armées réaffirme sa volonté d'augmenter le budget de l'armée, qu'il qualifie de "deuxième armée du monde libre".

Juste avant la présentation par le gouvernement des déjà décriées ordonnances réformant le code du travail, Emmanuel Macron vante une "réforme de transformation profonde".

Budget commun pour les pays de la zone euro

Il défend également la diminution des emplois aidés, des "subventions déguisées", et reconnaît que la hausse de la CSG demandera un "effort" aux retraités "les plus aisés", en faveur des jeunes et des actifs, afin de "récompenser le travail".

Le chef de l'Etat promet aussi une "révolution de l'éducation" avec notamment la fin du tirage au sort pour entrer à l'Université, et une transformation de l'orientation "dès le début du lycée" pour "rendre l'accès au supérieur plus transparent, clair et pratique".

A l'international, il veut refonder "une Europe qui protège", au plan commercial comme au plan de la défense, qui puisse se comparer aux puissances américaine et chinoise et devenir "leader du monde libre".

Il veut aussi convaincre les pays de la zone euro de se doter d'un budget commun représentant "plusieurs points du PIB", pour pouvoir emprunter et investir à grande échelle sur le continent. Et n'hésite pas à dénoncer les pays qui selon lui, comme la Pologne, "sape les principes de bases" de l'Union.

La France ne doit pas être "une grande puissance moyenne, mais une grande puissance tout court", lance Emmanuel Macron.

"Les forces du monde ancien sont toujours là, toujours engagées dans la bataille pour faire échouer la France", a-t-il accusé.

Aussi, celui qui dit continuer à lire "tous les jours" car "quand on oublie de lire, on se trompe", veut-il "des rêves, des récits collectifs", un "imaginaire de conquête", afin que la France "redevienne un pays fier" et "sorte de l'esprit de défaite".

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