De cette place forte au sommet du mont Beuvray, qui a pu compter jusqu'à 10.000 habitants, le peuple des Eduens dominait un immense territoire s'étirant de la Loire à la Saône. "Bibracte n'est pas un village gaulois mais une véritable ville", à une échelle bien supérieure à celle du "village d'Astérix", insiste Vincent Guichard, le directeur des lieux.
On y entre aujourd'hui par une porte ouverte dans les fortifications, reconstruite à partir du modèle d'origine. Puis une route à flanc de colline serpente vers le sommet. L'herbe d'un immense vallon a recouvert, en contrebas, ce qui était un quartier de la ville et ses centaines de maisons.
Au milieu d'une clairière, la montagne a été creusée, découvrant une terrasse consolidée par un "murus gallicus", construction gauloise que l'on croyait jusqu'ici réservée aux fortifications: un mur de terre et de pierres renforcé par une armature de poutres de bois.
Jules César en visite
L'endroit était-il "un lieu de réunion", "des sortes de grands greniers où l'on stockait les céréales" ou bien un "lieu de foire ou de commerce"?
Les hypothèses ne manquent pas mais le mystère reste entier, admet Philippe Barral, professeur d'archéologie à l'université de Franche-Comté, qui cherche à Bibracte des traces "de réalisations un peu emblématiques de ce qu'est une ville à cette période". Cette terrasse, "c'est la découverte importante de ces dernières années", résume-t-il.
Des maisons de style gaulois, des ateliers d'artisans mais aussi des villas et édifices romains: couche après couche, les archéologues décryptent l'histoire d'une ville fortifiée - un oppidum en latin - fondée à la fin du IIe siècle avant notre ère.
Jules César, impressionné par les remparts gaulois, y a même séjourné pour y écrire ses fameux Commentaires sur la Guerre des Gaules.
Les Eduens, alliés de Rome, abandonneront finalement la ville pour construire une nouvelle capitale dans la vallée, sur la voie romaine: Augustodunum, devenue aujourd'hui Autun, en Saône-et-Loire. "Une ville totalement gréco-romaine", explique le directeur Vincent Guichard.
L'ancienne place forte est tombée dans l'oubli durant des siècles, jusqu'à ce qu'un notable de la région, Jacques-Gabriel Bulliot, commence en 1867 la première campagne de fouilles systématiques de Bibracte avec le soutien financier de Napoléon III.
Techniques modernes
Interrompues par la Première Guerre mondiale, elles reprennent en 1984. A l'époque, "on imaginait faire un chantier de longue durée... qui allait peut-être durer jusqu'à 1990", s'amuse Vincent Guichard.
Sauf que les archéologues n'ont cessé de découvrir de nouvelles parties de la ville, qui s'étendait sur 200 hectares - sans compter les faubourgs - dont seule une quinzaine a été explorée par les chercheurs.
Mais les techniques "évoluent à une vitesse phénoménale en ce moment et sont extrêmement productives, ce qui nous permet de faire de l'archéologie à grande échelle", précise le directeur: les prospections géophysiques, sortes de "radios" du sol, permettent de repérer ce qui se trouve enterré et de savoir où fouiller.
Explorer l'ensemble du site avec ces nouvelles techniques prendra 50 ans, estime l'archéologue tchèque Petra Golanova, de l'université de Brno, qui vient chaque année passer une parcelle au peigne fin avec ses étudiants. Quant aux fouilles, "ça ne sera jamais (fini), c'est une superficie énorme!", lance-t-elle.
Classé aux Monuments historiques depuis 1988 et ouvert au public, Bibracte n'est pas prêt d'être déserté par la cohorte d'archéologues et les légions de touristes qui viennent chaque année de toute l'Europe.
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