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L'Élysée tente de muscler sa com en nommant Bruno Roger-Petit porte-parole

Emmanuel Macron a étoffé son dispositif de communication en nommant mardi le journaliste Bruno Roger-Petit porte-parole de l'Élysée, déclenchant aussitôt une vague de critiques sur les liens entre médias et monde politique.

L'Élysée tente de muscler sa com en nommant Bruno Roger-Petit porte-parole
Bruno Roger-Petit le 7 octobre 2003 à Paris - DANIEL JANIN [AFP/Archives]

Âgé de 54 ans, Bruno Roger-Petit "aura pour mission de relayer la parole publique de l'Élysée et utilisera pour ce faire tous les moyens à sa disposition, notamment le compte Twitter de la Présidence", a indiqué l'Élysée dans un communiqué.

Alors qu'Emmanuel Macron et le Premier ministre Édouard Philippe ont insisté récemment sur la nécessité d'une meilleure "pédagogie" sur les grands chantiers du quinquennat, M. Roger-Petit vient compléter le dispositif de communication de l'Élysée, qui depuis le 14 mai a été placé sous la houlette de Sibeth Ndiaye. Jusqu'à présent, c'est Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, qui avait assuré la plupart des interventions.

Le poste de porte-parole du président avait jusqu'ici été tenu uniquement par David Martinon, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, de mai 2007 à mars 2008.

"Bravo pour cette belle mission. Je vous souhaite le meilleur. Passionnant et amusant. Vous verrez", a tweeté M. Martinon, qui avait pourtant été sèchement évincé de son poste par M. Sarkozy.

Plusieurs autres présidents avaient déjà choisi des journalistes parmi leurs conseillers en communication, comme François Hollande qui avait embauché Claude Sérillon en 2012, ou Nicolas Sarkozy qui s'était adjoint les services de Catherine Pégard en 2007.

Et Emmanuel Macron avait lui durant sa campagne recruté la journaliste Laurence Haïm comme porte-parole.

M. Roger-Petit a figuré parmi les invités d'Emmanuel Macron à la soirée de La Rotonde où le candidat et ses proches avaient fêté sa victoire au premier tour, le 23 avril. Au mois de mars, il avait aussi publié un livre au vitriol contre François Fillon intitulé "Le pire d'entre nous".

La proximité supposée de l'éditorialiste avec le leader d'En Marche ! avait suscité en mars, durant la campagne présidentielle, la protestation de la Société des journalistes (SDJ) de l'hebdomadaire Challenges qui dénonçait "la fréquence bien plus élevée" des publications "pro-Macron/défavorables à ses adversaires" sur son site internet qui "annihile totalement la tentative de rééquilibrage".

Mardi matin, le journaliste, qui a commencé sa carrière en 1988 à France 2 (alors Antenne 2) où il avait notamment présenté les journaux de Télématin et le JT de la nuit, a supprimé son compte Twitter, effaçant tout l'historique de ses commentaires sur le réseau social.

"Confusion"

Ce recrutement a en tout cas alimenté mardi sur les réseaux sociaux les accusations de confusion des genres entre mondes politique et médiatique.

Les navettes entre les deux sphères ont accéléré ces dernières semaines, à l'instar de la nomination de l'ancien directeur de la rédaction d'Europe 1 Nicolas Escoulan au cabinet de Benjamin Griveaux au ministère de l'Économie et des Finances ou, en sens inverse, l'arrivée de plusieurs anciens responsables politiques (Jean-Pierre Raffarin, Henri Guaino, Aurélie Filippetti, Julien Dray, Raquel Garrido...) comme chroniqueurs dans des télés et radios.

"Quand les politiques chroniquent et les chroniqueurs deviennent politiques, le nouveau monde devient d'abord celui de la confusion", a réagi sur Twitter le patron des députés socialistes Olivier Faure.

"Bruno Roger-Petit à l'Élysée. Méfiance : derrière chaque éditorialiste pro- aujourd'hui, un porte-parole demain", a cinglé de son côté le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon.

En 2015, dans une émission d'Europe 1, M. Roger-Petit estimait sur la foi de ses "27 ans de journalisme politique" que "beaucoup de journalistes politiques ont comme vocation de rentrer comme conseiller du prince".

"Vous faites un déplacement comme journaliste politique et vous avez toujours le confrère qui va dire au politique : +y a qu'à, faut qu'on, vous devriez+. (...) Est-ce que ça me gêne ? Non", avait ajouté l'ancien de l'Obs, épinglant "la pseudo-objectivité" de certains de ses confrères.

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