"J'ai fait un rêve pour la France", a lancé le numéro un du Medef, dans un clin d'oeil au fameux discours de Martin Luther King prononcé en 1963, en ouvrant la 19e université d'été du mouvement patronal - la dernière pour lui en tant qu'organisateur, son mandat arrivant à échéance en juillet 2018.
Un rêve d'une France "forte socialement et économiquement", "fière de ses entreprises" et "de ses différences", une France "confiante" et "influente": lors d'un discours d'une vingtaine de minutes, M. Gattaz a esquissé le portrait du pays selon lui idéal, devant plusieurs centaines de chefs d'entreprises réunis sur le campus d'HEC, à Jouy-en-Josas (Yvelines).
"Si nous ne changeons pas de modèle, nous n'y arriverons pas", a toutefois asséné le patron des patrons, appelant pour cela le gouvernement à "réformer notre marché du travail", "améliorer les marges de nos entreprises", "simplifier notre bureaucratie" et faire la réforme de l'apprentissage.
'Tout sera dans le détail'
Actualité la plus brûlante, la réforme du marché du travail "sera le curseur du mandat d'Emmanuel Macron", celui qui permettra d'évaluer "sa volonté de vraiment réformer" le pays, a lancé M. Gattaz.
Le gouvernement doit dévoiler jeudi, au lendemain de la clôture de l'université d'été et après plusieurs semaines de concertation avec les partenaires sociaux, le contenu de ses cinq ordonnances sur le code du travail, premier grand chantier social du quinquennat Macron.
Cette réforme, qui suscite de nombreuses attentes de la part du monde de l'entreprise mais aussi des syndicats, est sans doute la raison pour laquelle ni le chef de l'État, ni le Premier ministre Édouard Philippe, ne se rendront au traditionnel rendez-vous patronal.
Syndicats de salariés et d'employeurs ont été reçus la semaine dernière par le cabinet de la ministre du Travail Muriel Pénicaud qui leur a déjà soumis des bribes de ses ordonnances. Mais les arbitrages sur les sujets sensibles sont restés pour l'heure secrets, ce qui laisse les partenaires sociaux sur leur faim.
"Tout sera dans le détail de ces ordonnances", a observé M. Gattaz, ajoutant: "Il faut impérativement qu'on aille jusqu'au bout pour simplifier le code du travail".
"Il faut que l'écriture des ordonnances soit simple, lisible, applicables par les TPE-PME", et "qu'il n'y ait pas 1.000 contreparties, 1.000 contraintes, 1.000 exceptions aux règles édictées", a-t-il poursuivi. Sans cela, "cela ne marchera pas", a-t-il conclu.
Confiance des forces économiques
Autre "marqueur fort" selon le responsable patronal, les réformes fiscales. "Il est important que nous continuions notre combat sur la baisse du coût du travail, sur la fiscalité nationale et sur la fiscalité territoriale", a-t-il déclaré, estimant notamment que les marges des entreprises ne s'étaient pas encore suffisamment redressées par rapport à celles des voisins de l'Hexagone.
Les patrons rassemblés sur le campus d'HEC écouteront attentivement les différents ministres qui doivent défiler au cours de ces deux jours, et en particulier les trois locataires de Bercy, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et Benjamin Griveaux, à l'affût de tout indice sur le projet de budget pour 2018, actuellement en pleine préparation et qui doit être présenté le 27 septembre.
Le ministre de l'Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, doit notamment participer mercredi à une conférence intitulée "Compétitivité: le goût des impôts".
"La croissance d'un pays, c'est 50% de confiance des forces économiques", a fait valoir M. Gattaz, appelant Emmanuel Macron à ne pas faiblir. "Il faut une détermination par rapport à une vision", a-t-il insisté, promettant que si les réformes se mettaient en place, le Medef serait "de plus en plus accompagnateur, mobilisateur".
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