"C'est pas différent pour nous que d'aller sur la rivière", plaisante Alissa Magee, 34 ans, tandis qu'elle transporte avec son mari Mike, 37 ans, Carol Brown et ses quatre enfants vers un lieu plus élevé de Hamshire, petit village à l'est du Texas.
"Je n'ai jamais rien vu de tel", confie Mike, qui fait le va-et-vient sur l'important axe routier Interstate 10 à bord de son embarcation, sous le ciel orageux et la pluie diluvienne de Harvey, plus puissant ouragan à avoir frappé les Etats-Unis depuis 2005 et le Texas depuis 1961.
Cette petite communauté de fermiers d'ordinaire très unie, située à une heure de route de Houston, s'est mobilisée lundi pour aider ses habitants fuyant face à la montée des eaux.
Presque l'équivalent d'un an de pluie est tombé en quelques heures, dévastant des rizicultures, submergeant des voitures et forçant certains à patauger pour se mettre en sécurité. Quelques bénévoles prêtent main forte aux secouristes sollicités à l'extrême.
Les Magee ont vu un vieil homme marchant avec l'eau jusqu'à la taille, des véhicules sur leur toit et des poubelles flottant telles des bouchons sur les flots. Les boîtes aux lettres, encore plantées dans le sol, délimitent les bas-côtés de la route submergée.
"Leur maison se noie", lance Macee, quatre ans, l'une des filles de Carol, en voyant la maison de sa grand-mère.
Tous les propriétaires de bateau ou de canoë n'ayant pas encore quitté les lieux sont sur le départ. "Nous étions supposés être partis il y a trois heures", explique Alissa, mais ils ont croisé des personnes ayant besoin d'aide.
Lorsque Mike passe par-dessus bord pour guider son bateau dans l'eau moins profonde, il préfère rire des blagues sur les serpents et les alligators soi-disant à l'affût sous la surface.
Gilets de sauvetage aux poulets
"C'était tout simplement dingue", raconte Gabriel Fulenchek, fils de 12 ans de Carol, au sujet de la rapidité à laquelle l'eau a monté dans la nuit. "Qu'est-il arrivé à ma maison ?", ajoute-t-il.
Son grand-père par alliance James Sargent, 71 ans, est encore sur son porche, clapots aux chevilles tandis que des poulets courent autour de lui. "Tout est quasiment détruit", constate-t-il. "Mettez des gilets de sauvetage aux poulets, on les emmènera aussi!", lui lance Alissa.
M. Sargent et sa femme Lorena sont arrivés de l'Oklahoma il y a onze ans et devaient finir de rembourser leur prêt immobilier dans quatre ans. "Nous allons tout perdre", dit-il. "Dans moins de deux centimètres, ça va venir dans la maison et ils disent que ça va continuer à monter".
Autour de sa maison, l'eau atteint "presque 1,5 mètre de profondeur".
Jusqu'à l'an dernier, le couple était couvert pour le risque d'inondation mais, selon lui, leur assureur a supprimé cette garantie. "Je ne peux rien y faire. Le principal, c'est que nous allons bien, notre famille va bien", relève-t-il.
Ron Nichols, l'un des coordinateurs des secours médicaux non loin de là, utilise tous les modes de transports disponibles, des bateaux aux tracteurs à remorque plate, pour aider les gens.
"Nous sommes en quelque sorte comme sur une île parce que les ressources ne peuvent pas nous parvenir", dit-il.
Entre samedi après-midi et lundi matin, ses équipes ont répondu à 31 appels d'urgence et récupéré 101 personnes chez elles. Habituellement, ils gèrent 77 appels en un mois.
Le temps que les Magee confient Carol et ses enfants aux bons soins d'une amie, la pluie a trempé tout le monde jusqu'aux os. Après avoir installé leur propre progéniture à l'abri dans leur voiture, Alissa et Mike repartent sur leur bateau: il faut aller chercher les Sargent.
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