Quels seront le plancher et le plafond des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif? Jusqu'à quel seuil d'effectifs les entreprises pourront-elles négocier avec des élus non mandatés par un syndicat? Les employeurs pourront-ils faire valider un accord minoritaire par référendum? Quels seront les nouveaux délais pour saisir les prud'hommes après un licenciement?
Le Premier ministre Edouard Philippe et la ministre du Travail Muriel Pénicaud répondront à toutes ces questions lors d'une conférence de presse prévue jeudi à 15H00 à Matignon. Les cinq ordonnances auront auparavant été transmises aux partenaires sociaux.
"La réforme que nous présenterons jeudi est une avancée sociale majeure", a annoncé Edouard Philippe, lundi. Elle vise à apporter "souplesse", "sécurité" et "simplicité" aux salariés et aux entreprises, "avec un objectif : faire disparaître le chômage de masse".
Depuis mai, ce volumineux dossier - les ordonnances devraient tutoyer les 200 pages - a fait l'objet d'une concertation avec les partenaires sociaux, qui ont chacun été reçus une dizaine de fois, successivement par le président Emmanuel Macron, par M. Philippe et Mme Pénicaud, et surtout par le cabinet de la ministre.
Le thème qui a causé le plus de frictions est celui du dialogue social dans les entreprises.
Deux mesures hérissent les syndicats. La première est déjà actée, il s'agit de la fusion des instances représentatives du personnel (délégués du personnel, CE et CHSCT), avec la possibilité, par accord, de donner à l'instance fusionnée le pouvoir de négocier avec l'employeur.
La deuxième est encore à arbitrer : la possibilité pour les PME dépourvues de délégué syndical de négocier avec un délégué du personnel non mandaté par un syndicat. Si cette mesure semble actée jusqu'à 50 salariés, le gouvernement laisse planer le doute sur le sort réservé aux entreprises de 50 à 300 salariés.
'Vieilles lunes du patronat'
L'autre pomme de discorde concerne une série de mesures qui touchent aux licenciements: plafonnement des dommages et intérêts prud'homaux, harmonisation et réduction des délais de recours, passage à un périmètre national pour apprécier les difficultés économiques des multinationales qui licencient en France...
Toutes ces mesures ont déjà été confirmées aux partenaires sociaux, mais les différents curseurs (plancher, plafond, délais...) restent à fixer.
Le troisième grand thème, celui de l'articulation entre accords de branches et d'entreprises, a fait moins d'étincelles que prévu. Alors que le programme d'Emmanuel Macron annonçait la primauté des accords d'entreprises, dans la continuité de la loi El Khomri, les syndicats et le patronat des PME ont obtenu de préserver le rôle de la branche professionnelle.
Les secteurs d'activité conserveront notamment la primauté sur les minima conventionnels, les classifications et l'égalité professionnelle. Ils se verront aussi confier la régulation des contrats courts (CDI de chantier, caractéristiques des CDD). Sur d'autres sujets, les branches pourront décider de faire primer leurs accords: handicap, pénibilité, moyens d'exercice d'un mandat syndical. L'entreprise aura la primauté sur les autres sujets de négociation.
Si le patronat, la CFDT, FO et la CFTC attendent de connaître les arbitrages avant de juger la copie du gouvernement, la CGT et la CFE-CGC tirent déjà à boulets rouges sur la réforme.
François Hommeril, président de la CFE-CGC, y voit une "voiture balai" des "vieilles lunes du patronat" qui n'apportera que "précarité" et "dumping social". Quant à la CGT, elle appelle avec Solidaires à une journée d'actions le 12 septembre contre ce qu'elle qualifie de "loi travail XXL".
Ce même slogan est scandé dans les rangs du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise, qui appelle "le peuple" à "déferler" sur Paris pour manifester "contre le coup d'Etat social" d'Emmanuel Macron le 23 septembre, au lendemain de l'adoption en conseil des ministres des ordonnances.
A LIRE AUSSI.
Code du travail: ultimes concertations entre le gouvernement et les partenaires sociaux
Réforme du travail: Macron noue le dialogue avec les partenaires sociaux
Réforme du travail: le gouvernement dévoile la feuille de route
Travail: syndicats et patronat attendent les premiers arbitrages
La réforme controversée du Code du travail à l'épreuve de l'Assemblée
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.