"Les Farc se transforment en une nouvelle organisation exclusivement politique, qui exercera son activité par des moyens légaux", a lancé le chef suprême des Farc, Rodrigo Londoño.
"Nous continuerons à lutter pour un régime démocratique qui garantisse la paix dans la justice sociale", a-t-il ajouté sous les applaudissements de 1.200 délégués venus des anciens fiefs de ce qui fut la plus puissante guérilla des Amériques et a fini de déposer les armes le 15 août.
Réuni à Bogota jusqu'à jeudi, la plupart du temps à huis clos, ce congrès va définir la ligne et le nom de ce nouveau mouvement de gauche.
"La préparation s'est faite dans les campements, en débattant sur les thèses, le programme, les statuts, tout ce que nous allons approuver pendant ce congrès", a déclaré à la presse Jesus Santrich, membre de la commission de vérification (CSIVI) de l'accord de paix conclu à La Havane fin août 2016 et signé à Bogota en novembre avec le président Juan Manuel Santos.
Ligne et nom du nouveau parti
Pour la première fois, les Farc ont lancé leurs travaux par l'hymne national colombien puis le leur, entonnés debout par les représentants des quelque 7.000 combattants de l'ex-guérilla et de certains des pays garants de l'accord de paix, dont Cuba.
Les délégués doivent désigner leurs candidats aux élections de 2018. Puis le parti sera publiquement lancé vendredi sur la place Bolivar, où se trouve le Parlement et, à deux pas, le palais présidentiel.
L'un des débats portera sur le nom du parti. Ivan Marquez, négociateur de la guérilla aux pourparlers de paix, a proposé "Force alternative révolutionnaire de Colombie".
Mais dans une consultation lancée sur Twitter par Rodrigo Londoño, c'est "Nueva Colombia" (Nouvelle Colombie) qui l'a emporté avec 36% des 10.387 votes.
Pour l'analyste Frédéric Massé de l'université Externado, les Farc sont confrontées à un dilemme: "certains veulent garder le mot de +révolutionnaire+, d'autres voudraient changer pour montrer que c'est un nouveau départ".
Pendant le congrès, les chefs des Farc rendront compte de l'état d'application de l'accord de paix, qui prévoit que les délégués désignent aussi dix représentants au Parlement, qui compte 268 sièges.
Nommés pour deux mandats, ces cinq députés et cinq sénateurs devront symboliquement se présenter aux prochaines élections, l'ex-guérilla espérant alors "élargir cette représentation".
L'éventualité d'un candidat présidentiel a été écartée en décembre par Rodrigo Londoño, assurant que les Farc soutiendront la personne qui garantira le respect de l'accord.
Marxiste depuis sa création en 1964, l'ex-guérilla appelle aujourd'hui à "une grande convergence politique qui dépasse les frontières de la gauche (...) pour pouvoir élargir la démocratie", selon Pastor Alape, autre membre de sa direction.
Des défis à relever
"C'est un grand apport à la politique et à la démocratie en Colombie", a estimé le sénateur de gauche Ivan Cepeda. Le chef du Parti communiste, Carlos Lozano, voit pour sa part d'un bon oeil une alliance avec le futur parti des Farc "pour un front élargi qui parte de l'accord de La Havane".
En entrant dans l'arène politique, les Farc vont devoir relever plusieurs défis. Pour M. Massé, elles doivent montrer "qu'elles sont capables (...) de faire de la politique autrement", sans se faire absorber par les "pratiques clientélistes, mafieuses, politiciennes traditionnelles".
Tandis que l'opposition de droite brandit le spectre du "castro-chavisme", Carlos Antonio Lozada a assuré que le futur parti n'aura "rien à voir avec des modèles étrangers" comme les régimes cubain de Fidel Castro ou vénézuélien de Hugo Chavez.
L'ex-rébellion pâtit d'une image négative, supérieure à 80% dans les sondages. Les Colombiens restent marqués par les massacres et les enlèvements qu'elle a commis.
Au fil des décennies, le conflit a impliqué les forces de l'ordre, des paramilitaires et d'autres guérillas, dont l'Armée de libération nationale (ELN) --dernière rébellion active en pourparlers de paix et qui a envoyé dimanche son "salut fraternel" aux Farc. Cette guerre fratricide a fait plus de 260.000 morts, quelque 60.000 disparus et au moins 7,1 millions de déplacés.
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