Nouvel exemple d'une agriculture urbaine en plein boom, le potager s'étend sur 450 m2, sur le toit-terrasse du centre médical de la Régie situé dans le 12e arrondissement de Paris.
Entre deux passages de trains - de la gare de Lyon voisine - le petit bruit du goutte à goutte dans les pots se fait entendre. A l'horizon, le Sacré-Coeur, la pointe de la tour Eiffel.
Soutenu par la Régie et par l'opération municipale "Paris-culteurs", il s'agit du premier projet d'une jeune start-up, Aéromate, qui vise ici 31 tonnes de récolte annuelle.
L'installation est en hydroponie: des alignements de plants dans des pots remplis de billes d'argile (sans terre, trop lourde), constamment arrosés, nourris de minéraux. Salade romaine, oseille, tomates, menthe, basilic... ont l'air de se plaire.
La RATP n'en est pas à son premier toit "vert": son siège social accueille depuis 2015 un jardin où l'on teste diverses techniques agricoles, par exemple... l'élevage d'écrevisses.
rentabilité à trouver
"Un axe de notre politique RSE - Responsabilité sociale et environnementale - est de rendre la ville durable", explique Emeline Becq, de la SEDP, filiale immobilière du groupe.
"Aujourd'hui, dès qu'on construit ou qu'on rénove un bâtiment, on végétalise, avec un objectif de 4 ha d'ici 2020. L'idée est de rafraîchir la ville, la rendre plus agréable. Et s'il y a des légumes, c'est un plus".
Une part de la récolte de la "ferme" du 12e arrondissement est réservée aux agents de l'entreprise.
"J'apprécie que les tomates aient du goût. Et acheter sur son lieu de travail, c'est pratique", dit une acheteuse, Emilie Bechet, qui dit payer environ le même prix que pour un panier bio.
Des analyses, confiées à AgroParisTech, ont montré l'absence, ou quasi (niveaux non quantifiables), de pollutions sur les légumes, souligne la Régie. L'avantage du hors-sol: pas de contaminations via la terre, principal vecteur.
Pour autant, les clients manquent, se désole Théo Manesse, un des trois associés au sein d'Aéromate: seuls sept salariés RATP sont venus jeudi à la distribution hebdomadaire.
Les consommateurs auraient-ils "peur de l'agriculture urbaine ?", s'inquiète le jeune agronome. L'activité, qui exige de la main d'oeuvre, est encore loin d'être rentable et la société doit étendre ses débouchés, même si elle vend déjà à quelques distributeurs comme La Ruche qui dit oui.
Dans les prochains mois, elle inaugurera deux autres jardins, sur un immeuble de bureaux de la rue Réaumur et une école d'art du 3e arrdt.
Dans un but économique mais aussi climatique, la Ville de Paris vise la végétalisation de 100 ha de murs et toitures d'ici 2020, dont 33 dédiés à l'agriculture.
Des 30 premiers "Paris-culteurs" qu'elle soutient, la municipalité escompte, sur quelque 5 ha, une production annuelle de 425 T de fruits et légumes, 24 T de champignons, 3 T de poisson, 8.000 litres de bière, plus de 30.000 fleurs...
Parmi les projets les plus spectaculaires, l'aménagement du toit de l'opéra Bastille (5.000 m2 disponibles!), avec houblonnière. Dans le parking Raymond-Queneau (18e), "La caverne" doit faire en sous-sol des champignons sur marc de café et du maraîchage sous LED.
Outre la RATP, quelque 70 entreprises ont aussi signé une charte lancée par la mairie, les engageant à rejoindre la démarche: grands magasins, groupes immobiliers, hôtels, ou encore Radio France...
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