Un précédent bilan publié par le gouvernement de la Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi faisait état de 12 membres des forces de l'ordre et 59 "terroristes" Rohingyas tués. Le nombre de rebelles tués s'élève désormais à 77.
"Militaires et policiers se battent ensemble contre les terroristes bengalis", avait déclaré plus tôt le chef de l'armée, le général Min Aung Hlaing, sur sa page Facebook.
Les Rohingyas sont considérés comme des immigrés du Bangladesh voisin et appelés à ce titre "bengalis", le terme "rohingya" étant tabou en Birmanie, pays à majorité bouddhiste marqué par l'influence de moines radicaux qui dénoncent les musulmans comme une menace.
Il s'agit de l'épisode de violences le plus meurtrier depuis plusieurs mois dans cette région, l'Etat Rakhine, marquée par de fortes tensions entre musulmans et bouddhistes.
Y vivent des dizaines de milliers de Rohingyas, minorité musulmane victime de fortes discriminations en Birmanie, sans accès aux hôpitaux, aux écoles, au marché du travail.
Plus de 20 postes de police ont été attaqués par quelque 150 rebelles rohingyas tôt vendredi, a annoncé, avant l'armée, le gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi.
Les combats se poursuivent
Le chef de l'armée birmane a souligné le fait que "les combats se poursuivaient" vendredi dans cette région frontalière du Bangladesh, notamment autour des postes de police des villages de Kyar Gaung Taung et Nat Chaung.
Des armes ont été dérobées dans plusieurs postes de police par les attaquants, équipés de poignards et autres objets contondants, a-t-il précisé.
Le mode opératoire ressemble à celui d'une précédente série d'attaques meurtrières contre des postes frontières, en octobre 2016.
Plusieurs des postes de police attaqués vendredi, à la frontière avec le Bangladesh, restaient encerclés vendredi dans la journée, selon des sources policières sur place interrogées par l'AFP.
"La situation est compliquée... Les militaires arrivent" en renfort, a témoigné vendredi matin un responsable policier de Buthidaung, non loin de la zone la plus touchée.
Le gouvernement birman a relevé vendredi "la coïncidence de ces attaques avec la publication du rapport final de la commission" dirigée par l'ancien secrétaire général de l'ONU Kofi Annan sur la situation dans l'Etat Rakhine.
La commission avait appelé jeudi la Birmanie à donner plus de droits à sa minorité musulmane des Rohingyas, notamment de mouvement, faute de quoi elle risquait de "se radicaliser".
Kofi Annan a réagi aux attaques de vendredi, "inquiétante escalade dans la violence". Il a appelé les forces de l'ordre à "la retenue" dans leur gestion de la crise.
Les dernières importantes attaques meurtrières contre des postes de police de l'automne 2016 avaient été suivies par un durcissement des actions de l'armée dans la région, avec incendies de villages et fuite massive de Rohingyas vers le Bangladesh voisin. Ceux-ci avaient livré des récits d'atrocités commises par l'armée.
Amnesty international s'est inquiété des conséquences que pourraient avoir les attaques de vendredi, et notamment de la réponse des forces de sécurité.
"Cela ne doit pas conduire à la répétition des cruelles représailles de l'armée à une attaque similaire l'année passée, lorsque les forces de sécurité ont torturé, tué et violé des Rohingyas et brûlé des villages entiers", a déclaré Josef Benedict, directeur adjoint du bureau régional d'Amnesty International.
La nébuleuse des groupes rohingyas impliqués dans les violences n'est pas très claire. Se détache un groupe, l'Arakan Rohingya Salvation Army (ARSA), qui assure mener l'insurrection depuis les montagnes de la zone de May Yu, dans le nord de l'Etat Rakhine.
La situation est particulièrement difficile pour les 120.000 musulmans vivant dans des camps de déplacés en Etat Rakhine, d'où ils ne peuvent sortir qu'au compte-gouttes, sur laisser-passer.
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