"La production de vin pourrait s'établir en 2017 à 37,2 millions d'hectolitres, soit un niveau inférieur de 18% à celui de 2016, et de 17% à celui de la moyenne des cinq dernières années", indique le service statistiques du ministère de l'Agriculture, Agreste, dans un communiqué.
Cette nouvelle chute de la production intervient après une année 2016 déjà marquée par des incidents climatiques et par une baisse à deux chiffres de la production, qui en avait fait une des plus faibles récoltes des 30 dernières années.
Mais la baisse pourrait bien être encore plus importante, à en croire Jérôme Despey, viticulteur et président du conseil spécialisé vin FranceAgriMer: "je crains que malheureusement nous soyons en dessous des 37 millions d'hectolitres", lors d'une conférence de presse vendredi.
Les tests du ministère ont été "réalisés début août, nous n'avions pas commencé la vendange", explique-t-il, or "c'est lorsqu'on vendange qu'on se rend compte de la réalité de la récolte".
"Partout où l'on vendange, là où on pensait qu'il y avait un peu moins, il y a beaucoup moins", appuie-t-il, évoquant "la récolte la plus petite depuis 1945".
Jusqu'à présent, la plus petite récolte d'après-guerre était de 41 millions d'hectolitres, en 1991, a-t-il rappelé.
gel sévère
En 2017, la baisse "serait principalement imputable au gel sévère de printemps qui a touché, à un stade sensible de la vigne, tous les bassins viticoles, à des degrés divers", indique le ministère.
Les bassins du Sud-Ouest (notamment dans le Bordelais), des Charentes, d'Alsace et du Jura ont été les plus affectés, précise-t-on de même source.
Si après le gel, les vignobles ont pu compenser partiellement les pertes de récolte dans certains bassins (Val de Loire essentiellement), "des pertes liées à la grêle en Bourgogne-Beaujolais, Sud-Ouest, Languedoc et Sud-Est ont également affecté la production", précise le communiqué.
Autre phénomène aggravant, "la sécheresse s'est accentuée dans les vignobles du Sud-Est, de la Corse, du Languedoc et du Beaujolais" et ce phénomène climatique, associé à une canicule et du vent, essentiellement dans la vallée du Rhône, "a conduit à réviser à la baisse l'estimation sur ces territoires ainsi que l'estimation nationale".
En revanche, en Alsace, "le déficit hydrique a pu être compensé par des précipitations, ce qui a conduit à réviser à la hausse le niveau anticipé de production" par rapport à la dernière estimation de la mi-juillet.
Avantage de la sécheresse, "la pression des maladies est faible dans la plupart des régions", souligne le ministère.
Autre conséquence de la canicule, les premières vendanges ont débuté en avance de 10 à 15 jours, en zone méditerranéenne (Languedoc, Roussillon, Sud-Est et Corse). Le printemps et l'été chauds expliquent cette précocité qui concerne également les autres régions.
Du fait de la bonne maturité du raisin et du bon état sanitaire, "2017 va se démarquer par l'aspect qualitatif, fort heureusement !", a assuré M. Despey.
Il tient également à rassurer sur d'éventuelles difficultés d'approvisionnement en vin, car "les caves sont pleines de vins pas encore revendiqués" de l'année précédente, assure-t-il.
Il se dit par contre inquiet pour l'impact sur le chiffre d'affaires et la trésorerie des vignerons qui vont faire de petites récoltes, et espère voir les prix du vin remonter.
"Il doit y avoir un rattrapage des baisses de prix constatés les années antérieures. Nous serons très vigilants là-dessus, mais ces éléments ne compenseront pas la baisse de la production".
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