Arrivée tard mardi en provenance de Colombie, première étape de sa fuite du Venezuela, Mme Ortega, dont M. Maduro réclame l'arrestation à Interpol, a également dénoncé "la mort du droit" dans son pays.
L'opposante a profité de la tribune offerte par une réunion des procureurs des pays du Mercosur -- le marché commun sud-américain -- pour dénoncer le pouvoir chaviste.
"Ce qui se passe au Venezuela, c'est la mort du droit. La stabilité de la région est en danger", a-t-elle affirmé. "Le Venezuela traverse une grave crise qui empêche (la population) d'avoir accès à l'alimentation, à la santé et aux médicaments de base".
Élu en 2013, le président Maduro est confronté depuis cinq mois à une vague de manifestations pour exiger son départ, qui ont fait 125 morts sur fond de naufrage économique.
L'ex-procureure, relevée de ses fonctions par le pouvoir, a fui vendredi le Venezuela, où elle se considère victime d'une "persécution politique" et se dit menacée physiquement. "J'ai reçu des menaces sur ma vie et je (tiendrais) le gouvernement vénézuélien responsable si quelque chose devait arriver".
Comme elle l'avait annoncé, elle a attaqué l'intégrité des hauts responsables de son pays. "J'ai beaucoup de preuves, concrètement dans l'affaire Odebrecht, qui mettent en cause de nombreux hauts responsables vénézuéliens, à commencer par le président de la République", a lancé Mme Ortega.
Odebrecht, l'un des plus grands groupes de construction d'Amérique latine, est au coeur d'un scandale de corruption qui a secoué tout le continent, avec la constitution d'un cartel ayant truqué des marchés de sous-traitance de la compagnie étatique Petrobras, distribuant des pots-de-vin à des hommes politiques.
"Dans le cas d'Odebrecht, nous avons découvert qu'ils avaient versé 100 millions de dollars à Diosdado Cabello (ex-président de l'Assemblée nationale) à une entreprise espagnole possédée par ses cousins", a-t-elle accusé.
"Beaucoup d'intérêts se liguent au Venezuela pour qu'il n'y ait pas d'enquête sur les faits de corruption, le narcotrafic, le terrorisme", a déploré Mme Ortega.
L'opposante a ajouté qu'elle livrerait les informations dont elle dispose "aux autorités de différents pays, Etats-Unis, Colombie, Espagne", "mais aussi Brésil", "pour qu'ils mènent leurs propres enquêtes".
Soutien inconditionnel
Le procureur général du Brésil a indiqué avoir personnellement invité à la réunion de Brasilia Mme Ortega, qui y a reçu le soutien inconditionnel de ses pairs.
"Nous te reconnaissons comme la procureure générale du Venezuela. Tu peux compter sur le soutien de tous les parquets de la région", a déclaré le procureur paraguayen Javier Díaz Verón, évoquant une "gifle à la démocratie" au Venezuela.
Le président socialiste Nicolas Maduro a annoncé mardi que Caracas allait officiellement réclamer l'arrestation de Mme Ortega, en demandant à Interpol "une notice rouge contre ces personnes impliquées dans des délits graves".
Il faisait référence à Mme Ortega et à son mari German Ferrer, député chaviste (du nom d'Hugo Chavez qui fut président de 1999 à sa mort en 2013 et le mentor de Nicolas Maduro) passé à l'opposition.
Accompagnée de son époux, l'ex-procureure était arrivée le 19 août à Bogota, bravant une interdiction de sortie du territoire vénézuélien.
Mme Ortega n'a pas cessé de dénoncer la radicalisation du gouvernement vénézuélien ces derniers mois.
Elle a indiqué qu'elle resterait "quelques jours" au Brésil sans dire quelle serait sa prochaine destination.
"Je continuerai de lutter et de parcourir le monde pour dénoncer ce qui se passe au Venezuela et les violations des droits de l'Homme", a-t-elle dit.
Largement isolé sur la scène internationale, le président Maduro compte toutefois encore un allié de poids: la Russie.
Comme la Colombie, le Brésil a condamné la gestion de la crise par M. Maduro, dont le pays a été suspendu du Mercosur lors d'une réunion récente à Sao Paulo. Le ministre brésilien des Affaires étrangères Aloysio Nunes a d'ailleurs reçu Mme Ortega mercredi.
Ancienne chaviste devenue dissidente, l'ex-procureure de 59 ans a été démise le 5 août par la nouvelle Assemblée constituante, dotée de très larges pouvoirs.
Onze pays d'Amérique latine et le Canada ont récemment condamné la "rupture démocratique" au Venezuela, se joignant ainsi aux critiques de Washington, de l'ONU et de l'Union européenne.
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