Il n'a "jamais été question d'autoriser les portables", a affirmé à l'AFP le ministère de la Justice, indiquant que Nicole Belloubet était seulement favorable à une "extension" des téléphones fixes, telle qu'expérimentée depuis un an dans la prison de Montmédy en Meuse.
Dans un entretien diffusé mardi par La Provence et réalisé à l'occasion d'une visite de prison dans le sud de la France, la ministre avait dit: "Il faut donner aux détenus des moyens de communication. Par des portables contrôlés ou des lignes fixes".
"Cette idée n'a rien d'absurde", a encore dit Mme Belloubet, à propos de la distribution en prison de portables "bridés", proposée par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, le 17 août au micro de France Inter.
L'entretien à La Provence a immédiatement lancé un débat sur les téléphones portables, interdits en prison mais qui y circulent par milliers.
Les légaliser serait "suicidaire", a asséné David Calogine, secrétaire général adjoint de l'UFAP-UNSA, syndicat majoritaire chez les surveillants.
Les détenus "ont toujours deux ou trois coups d'avance sur nous. Un téléphone bridé, ça se débride", a-t-il déclaré à l'AFP.
"On a déjà du mal à contrôler les téléphones fixes", a encore fait valoir le syndicaliste, également hostile à toute "extension" de ces derniers.
Christopher Dorangeville, secrétaire général de la CGT pénitentiaire, considère, lui, qu'il "faut améliorer l'accès téléphonique pour les familles, mais pas avec des portables".
"On manque de moyens humains, matériels, législatifs. Alors pour résoudre le problème, on légalise. J'ai du mal à croire que ce sera extrêmement efficace. Des téléphones bridés, ça peut se débrider. Est-on sûr que technologiquement ça tient ?", s'est-il interrogé, rappelant que la France a interdit les fouilles systématiques au parloir.
"L'usage du portable devrait être généralisé", a plaidé au contraire François Bes, de l'Observatoire international des prisons (OIP). "L'immense majorité des détenus ne s'en sert que pour garder un lien familial. Cela aide aussi à la prévention du suicide", a-t-il assuré, en relevant par ailleurs que l'accès aux téléphones fixes en prison est restreint et coûteux.
Au premier semestre 2017, 19.339 téléphones portables et accessoires (puces, chargeurs, etc.) ont été découverts en détention, selon l'administration pénitentiaire. Les prisons françaises comptaient au 1er juillet quelque 70.000 personnes écrouées, condamnées ou en attente de leur procès.
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