Plus d'un mois après avoir repris Mossoul, la deuxième ville du pays, au groupe jihadiste sunnite État islamique (EI), les troupes se sont lancées dimanche à l'assaut de Tal Afar, située 70 km plus à l'ouest, dans le nord irakien.
Appuyée par l'aviation de la coalition internationale dirigée par les États-Unis, l'armée est également soutenue dans sa nouvelle offensive par le Hachd al-Chaabi, unités paramilitaires, la police fédérale et des forces spéciales du contre-terrorisme.
Dans un communiqué, le Hachd al-Chaabi, dominé par les milices chiites, a annoncé avoir repris avec les forces armées "le contrôle complet" des quartiers Al-Kifah (nord-ouest), Al-Nour (sud-est) et al-Askari (nord-est) à Tal Afar.
Dès le matin, les forces irakiennes s'étaient regroupées aux portes de la cité avant d'entrer depuis plusieurs fronts dans la ville où, selon des responsables locaux, un millier de jihadistes sont retranchés et se servent des civils encore dans la ville comme des boucliers humains.
Ahmed al-Assadi, porte-parole du Hachd al-Chaabi, a fait état de combats "violents", prédisant que la reprise de Tal Afar ne serait "pas longue". Elle "prendra des semaines", a-t-il dit à l'AFP, alors que la reconquête de Mossoul avait duré neuf mois.
Lors d'une offensive fulgurante en 2014, l'EI s'était emparé de près d'un tiers de l'Irak mais il a ensuite perdu beaucoup de terrain.
Mais cette organisation ultraradicale, également en perte de vitesse en Syrie, parvient encore à frapper. Elle a revendiqué la semaine dernière les attentats meurtriers en Espagne et en Russie.
Déplacés par milliers
Avec l'offensive à Tal Afar, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a dit redouter l'exode "de milliers" de civils. 1.500 familles sont arrivées dans un camp de transit ces derniers jours et les préparatifs sont en cours pour accueillir près de 30.000 personnes fuyant Tal Afar, a-t-il précisé.
La percée dans la ville de Tal Afar est intervenue le jour où M. Mattis rencontrait les dirigeants irakiens à Bagdad, dont le Premier ministre Haider al-Abadi.
Le responsable américain a apporté une nouvelle fois le soutien de son pays à la lutte des Irakiens contre les jihadistes et salué "les villes libérées, les gens débarrassés de l'EI", affirmant que "l'EI est en déroute".
Les jihadistes, a-t-il ajouté, "ont montré qu'ils étaient incapables de tenir tête à nos troupes au combat, et ils n'ont pas regagné un pouce du terrain qu'ils ont perdu". Toutefois, avait-il prévenu avant son arrivée à Bagdad, l'EI "n'a pas encore disparu et cela n'arrivera pas de sitôt".
La "libération" de Mossoul a restauré la confiance dans le pouvoir irakien, a assuré M. Mattis, même si les forces irakiennes ont déploré selon lui "plus de 1.200 morts et de 6.000 blessés".
Cette victoire, a-t-il dit, n'aurait pas eu lieu "sans la main ferme du Premier ministre Abadi qui a reconstitué cette armée, délabrée en 2014". Elle a également été rendue possible grâce aux entraînements fournis par les États-Unis et leur appui militaire.
Défi kurde
La poursuite de ce soutien américain doit être fixée avec les responsables irakiens.
Après le retrait en 2011 des troupes américaines restées en Irak depuis l'invasion de 2003, les Américains ont ensuite déployé des centaines de conseillers militaires pour aider le pouvoir face aux jihadistes.
M. Mattis cherche à maintenir des forces pour entraîner les troupes irakiennes et empêcher l'EI de ressurgir, explique Nicholas Heras, expert du Center for a New American Security à Washington.
Mais, prévient-il, il rencontrera la résistance des milices chiites et de l'Iran, un allié du pouvoir irakien et ennemi des États-Unis.
Après Bagdad, le chef du Pentagone s'est rendu à Erbil (nord), où il a eu selon des responsables américains des discussions "très franches" avec Massoud Barzani, président de la région autonome du Kurdistan.
L'un des premiers défis auquel fait face le gouvernement fédéral irakien est le référendum que le Kurdistan veut organiser le 25 septembre.
Washington s'y oppose fermement car sa tenue "en ce moment pourrait potentiellement être catastrophique pour la campagne anti-EI", a expliqué l'envoyé du président Donald Trump auprès de la coalition en Irak, Brett McGurk. "Tous les membres de notre coalition pensent que ce n'est pas le bon moment pour l'organiser".
Arrivé en Irak de Jordanie, le chef du Pentagone est reparti vers la Turquie et l'Ukraine.
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