Depuis son lit d'hôpital où il est soigné après avoir été blessé par balle à la cuisse par la police lors de son interpellation, Abderrahman Mechkah, 18 ans, ne s'est pas expliqué sur les raisons de son geste.
Il comparaissait par liaison vidéo depuis l'hôpital devant le tribunal de Turku (sud-ouest) en vue de son placement en détention, qui équivaut en droit français à une inculpation.
"L'assaillant de Turku est soupçonné de meurtres et tentatives de meurtre avec intention terroriste, et a été placé en détention", a annoncé dans un tweet le Bureau national d'enquête (BNE), chargé de l'enquête.
Identifié comme le principal suspect de cette attaque survenue en plein jour dans le centre de la ville, Abderrahman Mechkah est un demandeur d'asile marocain arrivé dans le pays en 2016.
Selon son avocat, il "reconnaît avoir commis des actes ayant entraîné la mort, mais dément l'intention homicide". "Il ne s'est pas expliqué sur le mobile de ses actes", a indiqué Kaarle Gummerus à l'AFP.
D'après les enquêteurs, Abderrahman Mechkah a délibérément visé des femmes. Deux Finlandaises ont été tuées et huit autres personnes --six femmes et deux hommes portant secours-- ont été blessées, selon les autorités.
Trois autres suspects, Abdederrazak Essarioul, Ilyas Berrouhin et Mohamed Bakier, tous de nationalité marocaine, ont également été placés en détention pour les mêmes chefs. La police cherche à déterminer leur degré d'implication dans le projet du jeune Marocain.
Un quatrième a été remis en liberté et écarté de l'enquête.
La tentation du repli sur soi
Si le caractère terroriste de l'attaque était confirmé, il s'agirait d'une première dans ce pays nordique.
Le mobile de l'attaque n'est pas encore connu, mais selon les services de renseignement finlandais (Police de sécurité, Supo), le Marocain avait été signalé pour radicalisation.
L'audience s'est tenue pour une large part à huis clos. Des photos prises par la presse avant l'ouverture des débats ont montré le suspect couché sur son lit, la tête posée sur un oreiller et le visage dissimulé par un drap blanc.
L'attaque meurtrière de Turku a choqué les consciences en Finlande, un pays de 5,5 millions d'habitants considéré comme l'un des plus sûrs au monde.
D'après les médias finlandais, Abderrahman Mechkah s'est vu refuser sa demande d'asile en Finlande, une information qui n'a pas été confirmée officiellement. La police s'est contentée d'indiquer qu'il "était en plein processus de demande d'asile en Finlande" et qu'il avait fait appel d'une première décision reçue, sans en préciser la nature.
Le chef de file des Vrais finlandais, un parti populiste anti-immigration, a demandé le placement en centres de rétention des demandeurs d'asile déboutés en attendant leur expulsion. "Les îles finlandaises feraient l'affaire" pour accueillir ces centres, a ajouté Jussi Halla-aho.
Devant la conférence des ambassadeurs finlandais mardi à Helsinki, le président Sauli Niinistö a quant à lui mis en garde contre la tentation du repli sur soi.
Si "l'attaque a ébranlé le sentiment de sécurité des Finlandais (...), nous ne pouvons fermer nos frontières sans nous enfermer nous-mêmes", a-t-il prévenu.
En juin, la Supo avait relevé d'un cran son niveau d'alerte face au risque terroriste et annoncé avoir repéré une activité du groupe jihadiste État islamique (EI) susceptible de viser la Finlande. Le risque est actuellement au niveau deux sur une échelle de quatre.
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