Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a infligé mardi une suspension de 18 mois à Johaug, contrôlée positive à un stéroïde l'an dernier. C'est cinq mois de plus que la sanction prononcée en février par l'instance arbitrale du sport norvégien mais dont la Fédération internationale de ski (FIS) avait fait appel, la jugeant trop clémente.
"Je suis complètement anéantie. Je rêvais de participer aux JO", a réagi l'athlète de 29 ans, en larmes lors d'une conférence de presse dans les Alpes italiennes, où elle s'entraînait. "Je ne peux pas comprendre la sanction dont j'écope. Je la trouve injuste".
La Norvégienne a été testée positive au clostébol, un stéroïde anabolisant interdit par l'Agence mondiale antidopage (AMA), lors d'un contrôle inopiné le 16 septembre.
Elle dit avoir absorbé cette substance via une crème pour les lèvres, le Trofodermin, fournie par le médecin de l'équipe nationale pour traiter des brûlures subies lors d'un entraînement en altitude en Italie fin août.
Bonne foi reconnue
Depuis le début de l'affaire, les juges ont accordé foi à ses explications et exclu une tentative de tricherie, les quantités retrouvées n'étant d'ailleurs pas considérées de nature à doper les performances. Mais c'est sa négligence qui lui est reprochée.
Mardi, le TAS a expliqué que Johaug avait manqué à ses obligations en ne vérifiant pas l'emballage du baume, estampillé d'un symbole avertissant clairement du risque de dopage.
"De telles omissions ont débouché sur une violation des règles antidopage qui ne cadre pas avec son passé par ailleurs propre en matière de dopage", a souligné le tribunal dans un communiqué de presse.
La suspension courra jusqu'au 18 avril 2018, au delà donc des JO de Pyeongchang en Corée du Sud (9-25 février), où Johaug espérait décrocher enfin de l'or en individuel après le titre olympique remporté en relais 4 x 5 km en 2010.
La décision du TAS met a priori un point final au dossier. Seul un appel, jugé improbable, devant la Cour suprême suisse pour vice de procédure pouvant infléchir le cours des choses.
La nouvelle a jeté un froid en Norvège, où le ski est le sport national.
"J'ai mal et je suis désespérée que Therese doive payer un prix aussi élevé dans une affaire où on la croit en tout point", a commenté la grande amie et rivale, Marit Bjørgen, citée par la radiotélévision NRK.
Le chef de l'équipe norvégienne, Vidar Løfshus, s'est lui déclaré "sous le choc".
L'image du ski norvégien écornée
De son côté, la FIS, qui demandait entre 16 et 20 mois de suspension, s'est dite "satisfaite qu'un organisme indépendant ait eu la possibilité de passer en revue tous les faits du dossier et rendre un verdict impartial".
Si elle suscite l'incompréhension d'une grande partie de la population, sous le charme de Johaug, l'affaire, même malgré son caractère accidentel, écorne l'image du ski norvégien, qui s'est longtemps targué d'être propre.
D'autant qu'en juillet, Martin Sundby, autre star nationale, avait été suspendu pour deux mois et privé de sa victoire dans le Tour de Ski 2015 pour usage non autorisé de ventoline.
Là encore, la Fédération en avait assumé la responsabilité, ayant omis de demander une autorisation pour l'usage de cet anti-asthmatique.
Les médias étaient unanimes pour trouver la sanction de Johaug trop sévère.
"La lutte antidopage dans le sport a perdu le sens de la raison", commentait le journal de référence Aftenposten. Mais le tabloïd Verdens Gang jugeait aussi que "le verdict contre Johaug porte un gros coup à la naïveté norvégienne".
Bien que durablement éloignée des compétitions, Johaug a exclu de raccrocher. "Mais je ne sais pas quelle sera ma motivation à l'avenir", a-t-elle prévenu mardi.
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