Sa photo fait encore la une des médias: Younès Abouyaaqoub pourrait avoir conduit la camionnette ayant foncé sur la foule à Barcelone faisant 13 morts et 120 blessés, attentat revendiqué par le groupe jihadiste et ultraradical Etat islamique (EI).
Dans sa ville natale du centre du Maroc où le thermomètre affiche plus de 40 degrés, l'incompréhension domine: cette région paisible était jusqu'alors peu connue pour avoir fourni des recrues à l'EI, contrairement au nord du pays.
La petite ville de M'rirt, 35.000 habitants, où vit encore le grand-père de Younès, est surtout connue pour son souk hebdomadaire au pied d'une colline, ses importantes mines de plomb, de zinc et d'argent, et ses cascades spectaculaires très prisées des touristes marocains.
"Nous ne voulons pas de ça ici", souffle un proche de la famille Abouyaaqoub, la quarantaine, qui préfère garder l'anonymat.
Dans un quartier populaire à l'est de la ville, le grand-père de Younès reçoit dans la demeure familiale --une modeste maison de deux étages-- des voisins et des proches de la famille.
Ils tentent de le consoler depuis que le nom de son petit-fils Younès a été évoqué par la police en Espagne et par les médias du monde entier. Le frère de Younès, Houssein, âgé d'une vingtaine d'année, serait lui aussi mis en cause, affirment des témoins sur place bien que son nom n'ait jamais été évoqué par les autorités espagnoles.
"Younès est né dans cette maison, avant d'immigrer en Espagne avec ses parents", raconte à un journaliste de l'AFP le grand-père, emmitouflé dans une djellaba beige, un turban blanc sur la tête.
"Il revient ici chaque été avec son frère et ses parents. Il était là l'été dernier", poursuit le patriarche.
Un imam mis en cause
Pour lui, la radicalisation de son petit-fils serait due à "un imam marocain de Ripoll", paisible localité catalane de 10.000 habitants à quelque 700 mètres d'altitude au pied des Pyrénées d'où sont originaires plusieurs suspects.
"Cela fait deux ans que Younès et Houssein ont commencé à se radicaliser, sous l'influence de cet imam djebli (originaire du Pays Djbala, une région du nord du Maroc)", affirme l'octogénaire, disant ne pas connaître le nom de l'imam.
La police a perquisitionné samedi le domicile d'un imam de Ripoll, Abdelbaki As Satty, soupçonné d'avoir fait partie de la cellule terroriste et qui aurait pu radicalisé une partie des jeunes impliqués dans les attaques. L'imam a disparu depuis mardi.
Un voisin et proche de la famille Abouyaaqoub ayant lui aussi de la famille en Catalogne soutient, sous couvert d'anonymat, que cet imam "a embrigadé des Marocains de Ripoll et planifié ces attentats".
"Il y a un mois, il a pris congé de la mosquée où il prêchait, prétextant devoir se rendre au Maroc pour régler un problème d'héritage. Les gens ont trouvé un autre imam pour le remplacer, mais quelques jours avant les attentats, il a été vu à Ripoll", a affirmé cette source.
Selon des témoignages sur place, des policiers marocains en civil ont interrogé vendredi des proches des Abouyaaqoub, mais leurs questions portaient principalement sur l'imam.
Le grand-père lui tente de cacher sa profonde tristesse et la désolation qui l'envahit depuis quelques jours. Il dit n'avoir plus eu de contact direct avec ses deux petits-fils.
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