Déclarations outrées de ténors de son propre parti républicain, vague de défections dans ses cercles économiques et camouflets de grands noms de la culture: le profond malaise autour des propos ambigus du président américain sur les violences racistes de Charlottesville, où un sympathisant néo-nazi a tué une jeune femme, persiste.
C'est dans ce contexte tendu qu'un rassemblement était organisé à la mi-journée à Boston, officiellement en faveur de la liberté d'expression mais devant réunir des militants d'extrême droite.
Les autorités de cette ville universitaire du nord-est des Etats-Unis craignent des débordements alors que des organisations antiracistes et d'extrême gauche ont prévu une contre-manifestation qui rassemblait déjà des milliers de personnes en fin de matinée.
"Pas de place pour la haine" et "Rentrez chez vous, nazis" pouvait-on lire sur les panneaux brandis par ces manifestants.
"Le discours ambiant a vraiment porté tout ça à un autre niveau et c'est ce qui nous inquiète", a remarqué vendredi le chef de la police de Boston, William Evans, à propos du débat sur l'extrême droite et les violences racistes qui anime les Etats-Unis depuis Charlottesville. "Je n'ai jamais vu autant de gens qui cherchent pratiquement la confrontation", a-t-il souligné en conférence de presse.
'Division'
C'est justement le "discours alimentant la division" de l'administration Trump qu'avait cité jeudi la chorégraphe américaine Carmen de Lavallade pour décliner l'invitation à une réception de la Maison Blanche organisée pour la remise, le 3 décembre, des prix artistiques les plus prestigieux de Washington, les Honneurs du Kennedy Center.
Avant elle, le réalisateur Norman Lear avait prévenu qu'il ne s'y rendrait pas non plus. Echaudé par "les controverses", le chanteur Lionel Richie, autre lauréat, a lui expliqué cette semaine qu'il réservait encore sa décision.
Face aux désistements annoncés, les Trump ont pris les devants samedi, expliquant qu'ils ne seraient pas de la fête pour éviter une "distraction politique".
Mes responsables du Kennedy Center ont rapidement salué cette décision: "En décidant de ne pas participer aux activités cette année, l'administration a gracieusement montré son respect pour le Kennedy Center et permet de s'assurer que la cérémonie des Honneurs reste un moment spécial bien mérité pour les lauréats".
Base fidèle
Ce n'est pas la première grande tradition de Washington que Donald Trump décide de bouder. Il avait déjà évité en avril le dîner annuel des correspondants qui réunit le gratin de la presse et du monde politique américain.
Des décisions qui ne sont pas pour déplaire à sa base, gourmande de ces prises de distance vis-à-vis d'un establishment maintes fois dénoncé pendant sa campagne électorale. Au contraire, ses supporteurs lui restent farouchement fidèles: six sur dix assurent ainsi qu'ils ne changeront pas leur avis favorable quoi que fasse Donald Trump, dans un sondage de l'université de Monmouth (mené du 10 au 14 août auprès de 805 personnes).
Loin de marquer une pause dans l'avalanche de rebondissements qui déferlent sur Washington depuis son arrivée à la Maison Blanche le 20 janvier, les "vacances studieuses" de Donald Trump dans le New Jersey et à New York ont été secouées par la polémique et les annonces surprises.
Tentant d'ouvrir un nouveau chapitre vendredi après une semaine marquée par l'affaire de Charlottesville, il a réuni son équipe de sécurité nationale à Camp David pour se pencher sur la stratégie américaine en Afghanistan.
"Journée importante passée à Camp David avec nos généraux et dirigeants militaires très talentueux. De nombreuses décisions prises, y compris sur l'Afghanistan", a écrit Donald Trump sur Twitter samedi matin, sans toutefois en préciser la teneur.
Le président américain a aussi remercié, d'un tweet sans effusions, Steve Bannon, son sulfureux conseiller stratégique, qu'il a congédié vendredi.
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